Sur le sentier du mont Ernest-Laforce.

La promesse habituelle d'une sortie en raquette sur le mont Ernest-Laforce : de magnifiques vues sur les montagnes environnantes en récompense d'un effort relativement modeste. Mais avec un ciel couvert et apparemment prêt à décharger une dose de flocons, le panorama ne sera peut-être pas au rendez-vous. La récompense pourrait être moins tangible que d'habitude!

Arbres recouverts de givre.

L'été, le sentier fait une jolie boucle jusqu'au sommet. L'hiver, j'ignore pour quelle raison, seule la partie nord de cette boucle est balisée. Parce que la partie sud est si jolie, nous décidons tout de même d'essayer de suivre son tracé, bien que cela nous vaille l'honneur « d'ouvrir le chemin », puisque personne ne semble être passé sur ce tronçon depuis la dernière tempête de neige. Et pour cause : la route d'environ 8 kilomètres jusqu'au stationnement n'a ouvert que la veille, après une opération de déneigement de plusieurs jours!

Nous réalisons l'heureux timing de notre séjour dans les Chic-Chocs. Quelques jours plus tôt, nous aurions été soit en pleine tempête, soit dans l'impossibilité de nous rendre au sentier! C'est donc bénis par la chance et remplis d'allégresse que nous nous engageons sur la section non balisée… lorsqu'un fort blizzard s'abat aussitôt sur nous!

Le blizzard a vite fait d'effacer le relief du terrain et le moindre repère visuel.

Dans le blizzard, nous perdons complètement le sentier mais, après quelques errements, finissons par atteindre le belvédère au sommet du mont Ernest-Laforce. La visibilité est nulle, mais nous ressentons tout de même une certaine satisfaction. Ce n'est certes pas l'Everest, mais un brin plus d'aventure qu'anticipé! 

Pour le simple plaisir de l'aventure ­— c'est elle, notre récompense! — nous décidons de poursuivre jusqu'au sommet voisin, le mont Joseph-Alphonse-Pelletier. Une aventure tranquille, bien sûr, puisque ce sentier-là est bien balisé pour l'hiver, la distance et la dénivelée très raisonnables, le froid pas trop mordant.

Environ 1,6 km plus loin, au sommet du mont Joseph-Alphonse-Pelletier, le rideau blanc se fait moins dense, mais pas au point de dévoiler les montagnes environnantes!

Le rideau se lève un tout petit peu!

À propos des auteurs

De plus en plus, je m'intéresse aux lieux plus qu'aux paysages. Au-delà de l'attrait esthétique, ce sont les usages évidents ou cachés des lieux, leurs histoires passées ou futures, qui susciteront mon intérêt. Cette étincelle m'est indispensable et explique probablement pourquoi je pratique relativement peu la photographie au quotidien. L'étincelle ne peut s'allumer que lorsque je mets tout le reste de côté pour m'abandonner à la photo, en me laissant porter par le moment présent.

J'ai mille projets photographiques en tête, mais je ne les réalise jamais car une fois le repérage et la réflexion faits, une partie de la motivation est déjà consommée. Je préfère la démarche plus spontanée, où je passe en «mode photo» et me laisse inspirer par ce que je découvre. Ainsi, s'il émerge parfois des ensembles cohérents parmi mes images, ceux-ci s'avèrent le plus souvent accidentels! Je n'ai rien contre l'approche calculée, au contraire j'admire ceux qui la pratiquent, mais ça ne marche pas pour moi, peut-être parce que je dois déjà faire amplement preuve de discipline et de patience dans les sphères professionnelles de ma vie. J'exige de la photographie qu'elle me fasse rompre avec mon quotidien.