Le clocher de l'église Saint-Antoine-de-Padoue (1897) marque le paysage à l'approche du village de Saint-Gédéon.

Pour cette randonnée autour du lac Saint-Jean, nous emprunterons essentiellement le tracé de la véloroute des Bleuets, mais nous ferons aussi quelques petits détours, un itinéraire qui totalisera un peu plus de 300 km. Nous prendrons notre temps – cinq jours là où nombreux sont ceux qui préfèrent finir en deux ou trois jours – afin de ne pas brimer notre plaisir de flâner et de photographier! Pour l'hébergement, nous profiterons surtout des nombreux terrains de camping de la région.

Notre départ se fera de Métabetchouan–Lac-à-la-Croix, où notre véhicule attendra sagement que nous bouclions la boucle!

Rue de Quen.

Les reflets du presbytère et de l'église apparaissent dans les fenêtres de la mairie. Nous sommes au cœur historique du village.

Un garage qui a connu de meilleurs jours.

La vue depuis le quai, au bout de la bien nommée rue du Quai.

La vue depuis le barrage de la Petite décharge, l'une des rivières par lesquelles le lac Saint-Jean se déverse dans la rivière Saguenay. De nombreuses îles baignent dans ce secteur du lac.

La marina de Dam-en-Terre, située sur la rivière Grande Décharge, en amont du barrage ayant inspiré le nom du lieu.

Comme nous n'avions quitté Métabetchouan que dans l'après-midi, c'est après une très courte distance de 33 km que nous nous sommes arrêtés au camping de Dam-en-Terre pour la nuit. Comme dans la plupart des campings en dehors des parcs nationaux, c'est le royaume des véhicules récréatifs, tous plus gros les uns que les autres. Ici, cependant, de très beaux lots sont encore réservés au bord de l'eau pour cette espèce qui semble presque en voie de disparition (je le constate à chaque longue randonnée) : les voyageurs qui dorment sous la tente.

Sur l'un des barrages de la Grande Décharge.

Le barrage n'est pas en terre. C'est une imposante structure de béton dotée d'un évacuateur de crues.

Au supermarché à Alma.

Agréable forêt sur la piste cyclable qui mène au camping Belley.

Les palmiers étaient faux, mais la chaleur bien réelle. Le cheval préférait rester à l'ombre.

Le parc national de la Pointe-Taillon est l'un des plus beaux endroits pour admirer le lac Saint-Jean en toute quiétude.

Dans le parc de la Pointe-Taillon, on trouve bel et bien cette plante carnivore qu'est la sarracénie pourpre, mais elle n'est pas si effrayante que ça. C'est plutôt à nous de prendre garde à ne pas lui faire de mal!

L'un des nombreux castors habitant les marais et bassins de la pointe Taillon.

La pointe Taillon est très sablonneuse, car elle formait le delta de la rivière Péribonka, qui y a déposé ses sédiments il y a de cela plusieurs milliers d'années.

Le centre de la pointe Taillon est une immense tourbière.

Ci et là dans la tourbière, quelques spécimens de la sarracénie pourpre. Les pompons blancs, quant à eux, sont des linaigrettes. Mon père montre ces deux plantes de beaucoup plus près dans sa propre série sur la véloroute des Bleuets!

Mon vélo n'existerait pas sans le lac Saint-Jean. En effet, depuis 2005 ma plus fidèle monture de cyclotourisme est un vélo Devinci en aluminium, fabriqué pas très loin d'ici, à Chicoutimi. Or si des alumineries ont pu se développer dans la région, c'est surtout grâce à l'énergie abondante des centrales hydroélectriques alimentées par le déversement du lac Saint-Jean!

Perdrix en colère.

Après plusieurs arrêts-photo, je me suis retrouvé très en retard sur mes compagnons de randonnée. J'accélérais la cadence pour les rejoindre lorsque j'ai aperçu trois bébés perdrix sur la piste cyclable. Wow, trop mignons! Évidemment, le temps de m'arrêter, ils avaient déjà disparu dans les buissons, mais la courageuse maman, elle, a surgi de nulle part, les plumes toutes hérissées, prête à m'attaquer pour défendre sa progéniture. Pour l'épargner d'un stress sûrement intense, j'ai filé rapidement après une ou deux photos. Ce faisant, je me suis peut-être aussi épargné quelques coups de bec sur les tibias!

Le quai de Sainte-Monique, qui donne sur la rivière Péribonka.

Une maison de retraite.

Après 57 km de route, nous nous arrêtons manger dans un resto de Sainte-Monique. Alors que le ciel se couvre et que du très mauvais temps s'amène manifestement, on interroge la serveuse à propos du gîte d'en face. Elle passe un coup de fil à Pierre, le propriétaire du gîte, qui confirme avoir des chambres disponibles. Nous avons à peine le temps de prendre une bouchée de plus que Pierre en personne entre dans le resto et vient s'attabler avec nous! Sa bonne humeur est contagieuse et il n'a pas vraiment besoin de nous convaincre de prendre des chambres.

Deux heures plus tard, alors que des orages et une pluie torrentielle s'abattent sur le village, nous nous félicitons d'avoir renoncé à poursuivre notre route jusqu'au camping de Péribonka. Monter les tentes sous un tel déluge aurait été un peu tristounet.

Chemin d'accès d'une bleuetière.

L'intérieur de la maison Samuel-Bédard, qui est aujourd'hui un musée et un exemple de construction typique de la période de colonisation de la région, au début du 20e siècle. Cette maison fut habitée un temps par Louis Hémon, écrivain du mythique roman Maria Chapdelaine, paru en 1913.

Dans la grange attenante à la maison Samuel-Bédard, on trouve toutes sortes d'outils utilisés à l'époque pour l'élevage ou l'agriculture.

Mélange d'époques.

Maison Samuel-Bédard.

La rivière Péribonka.

Ceci me fait penser à un équivalent contemporain de la maison Samuel-Bédard… J'imagine qu'on n'en fera pas un musée.

Chemin de la Chute-Blanche.

Lame de scie circulaire, sur le site du Vieux Moulin de Sainte-Jeanne-d'Arc.

Sur la route 169.

Un tronçon récent de la véloroute des Bleuets relie Sainte-Jeanne-d'Arc à Dolbeau-Mistassini à travers une forêt. À notre passage, il était fermé apparemment en raison de dommages causés par les dernières crues printanières. Nous nous sommes donc retrouvés sur la route 169, une artère assez fréquentée par les camions et où le paysage est beaucoup moins idyllique…

La rivière Mistassibi.

La chute des Pères, sur la rivière Mistassibi.

Une enseigne comme il ne s'en fait plus.

Malgré un temps beaucoup plus frisquet que lors des deux premiers jours, nous n'avons pas retenu une chambre au motel, mais plutôt monté nos tentes au camping situé juste à côté de la chute des Pères, choisissant un site plus distant de la chute, qui est très bruyante.

Dans la région, rares sont les hôtels agréables à l'œil comme celui-ci.

L'un des personnages de la grotte Notre-Dame-de-Lourdes, construite par les pères Trappistes de Mistassini vers 1964.

Lorsque les pères Trappistes ont déménagé, en 1980, ils ont aussi emporté les corps de leurs morts. L'ancien monastère a été converti en résidence pour personnes âgées et des résidentes ont alors transformé en jardin l'ancien cimetière, préservant le muret d'origine qui ceinturait le site.

Sur la piste cyclable Au fil des rivières, dans le parc régional des Grandes-Rivières, près d'Albanel.

Nos montures.

Vue sur la Huitième Chute de la rivière Mistassini.

Le nom de la piste Au fil des rivières est un peu trompeur, car on y voit beaucoup de forêt et peu de rivières. En fait, « les » rivières sont au nombre d'une seule, la Mistassini. Mais magnifique est la nature et grand est le plaisir de rouler loin de la route.

Une bleuetière.

Avant de déboucher dans le village de Girardville, la piste Au fil des rivières parcoure les lisières de plusieurs bleuetières. Cette section est plus ardue à vélo car la piste y est très sablonneuse.

Une bleuetière.

Devant l'église de Girardville.

Rang Notre-Dame.

Avec ses belles granges et ses vallons, le rang Notre-Dame offre des paysages champêtres parmi les plus beaux de la région du lac Saint-Jean.

Un abri pour la nuit…

La prévision météo pour la nuit annonçait une très grande humidité et une température proche du point de congélation, alors c'est un peu à contrecœur que nous avons opté pour un mini chalet rustique au camping d'Albanel. Mon père a pris le divan-lit du salon, et Isa et moi cette chambre aux allures de cellule de prison en presswood.

C'était suffisamment propre et le chauffage fonctionnait, mais au risque de me faire condamner par les bonnes gens d'Albanel, soyons honnêtes : les constructeurs de ce chalet « ont travaillé en cabochon! »

Impressionnantes installations agricoles sous un ciel menaçant.

Mouton noir, chef de file.

Une bleuetière et ses ruches bleues caractéristiques.

Les élégantes flèches de l'église de Saint-Félicien sont visibles de loin.

Sur la plage du camping Robertson.

Depuis Péribonka, nous n'avions plus vu le lac. C'est entre Saint-Prime et Mashteuiatsh que nous le retrouvons enfin!

Camper en compagnie de voisins imposants…

Notre arrêt pour la nuit était le camping Robertson, à Mashteuiatsh. Encore un royaume du véhicule récréatif démesuré, mais ici aussi de beaux terrains proches de la plage sont tout de même offerts à ceux qui dorment sous la tente. Cependant, le vent du large était puissant et frigorifique, alors nous avons plutôt opté pour un site éloigné de la berge et protégé par les arbres. Le site était relativement isolé, jusqu'à ce que plus de fêtards viennent occuper les derniers terrains voisins disponibles, avec leurs mastodontes sur roues… À la veille de la Saint-Jean, fête nationale des Québécois, il était prévisible que le camping soit complet, mais tout de même, nous avions espéré des voisins plus… modestes? Chose certaine, le vent était définitivement coupé par ces énormes murailles!

Nous étions encore une fois les seuls dans tout le camping à dormir sous la tente. Malgré un manque d'affinités avec nos voisins, le camping Robertson nous réservait une très belle surprise : à la cuisine, le chef Raf prépare des délicieux mets maghrébins comme on n'en trouve probablement dans aucun autre camping au Québec! Ça change des sempiternelles patates frites. Un peu plus de diversité de ce genre dans les campings québécois ne ferait pas de tord.

La plage du camping Robertson, désertée seulement en raison d'une température frigide.

Coucher de soleil sur le lac Saint-Jean.

Sur la berge du village de Mashteuiatsh, des tipis de béton présentent des éléments de la culture innue. Sur chaque face figurent des symboles associés à l'une des quatre saisons ou l'un des quatre points cardinaux.

Croix de chemin.

Après une longue visite du village historique de Val-Jalbert, nous poursuivons la route. Nous ne sommes plus qu'à 25 km de notre destination, Métabetchouan–Lac-à-la-Croix.

Le secteur de Desbiens finit bien la randonnée, avec de magnifiques points de vue surélevés sur le lac.

Si vous avez poursuivi la lecture jusqu'ici, vous pourriez également aimer les photos du lac Saint-Jean d'Alain LeSieur. Il en a fait le tour à vélo sept ou huit fois, souvent en faisant quelques détours intéressants!

À propos des auteurs

De plus en plus, je m'intéresse aux lieux plus qu'aux paysages. Au-delà de l'attrait esthétique, ce sont les usages évidents ou cachés des lieux, leurs histoires passées ou futures, qui susciteront mon intérêt. Cette étincelle m'est indispensable et explique probablement pourquoi je pratique relativement peu la photographie au quotidien. L'étincelle ne peut s'allumer que lorsque je mets tout le reste de côté pour m'abandonner à la photo, en me laissant porter par le moment présent.

J'ai mille projets photographiques en tête, mais je ne les réalise jamais car une fois le repérage et la réflexion faits, une partie de la motivation est déjà consommée. Je préfère la démarche plus spontanée, où je passe en «mode photo» et me laisse inspirer par ce que je découvre. Ainsi, s'il émerge parfois des ensembles cohérents parmi mes images, ceux-ci s'avèrent le plus souvent accidentels! Je n'ai rien contre l'approche calculée, au contraire j'admire ceux qui la pratiquent, mais ça ne marche pas pour moi, peut-être parce que je dois déjà faire amplement preuve de discipline et de patience dans les sphères professionnelles de ma vie. J'exige de la photographie qu'elle me fasse rompre avec mon quotidien.