Pour cette randonnée autour du lac Saint-Jean, nous emprunterons essentiellement le tracé de la véloroute des Bleuets, mais nous ferons aussi quelques petits détours, un itinéraire qui totalisera un peu plus de 300 km. Nous prendrons notre temps – cinq jours là où nombreux sont ceux qui préfèrent finir en deux ou trois jours – afin de ne pas brimer notre plaisir de flâner et de photographier! Pour l'hébergement, nous profiterons surtout des nombreux terrains de camping de la région.
Notre départ se fera de Métabetchouan–Lac-à-la-Croix, où notre véhicule attendra sagement que nous bouclions la boucle!
Comme nous n'avions quitté Métabetchouan que dans l'après-midi, c'est après une très courte distance de 33 km que nous nous sommes arrêtés au camping de Dam-en-Terre pour la nuit. Comme dans la plupart des campings en dehors des parcs nationaux, c'est le royaume des véhicules récréatifs, tous plus gros les uns que les autres. Ici, cependant, de très beaux lots sont encore réservés au bord de l'eau pour cette espèce qui semble presque en voie de disparition (je le constate à chaque longue randonnée) : les voyageurs qui dorment sous la tente.
Mon vélo n'existerait pas sans le lac Saint-Jean. En effet, depuis 2005 ma plus fidèle monture de cyclotourisme est un vélo Devinci en aluminium, fabriqué pas très loin d'ici, à Chicoutimi. Or si des alumineries ont pu se développer dans la région, c'est surtout grâce à l'énergie abondante des centrales hydroélectriques alimentées par le déversement du lac Saint-Jean!
Après plusieurs arrêts-photo, je me suis retrouvé très en retard sur mes compagnons de randonnée. J'accélérais la cadence pour les rejoindre lorsque j'ai aperçu trois bébés perdrix sur la piste cyclable. Wow, trop mignons! Évidemment, le temps de m'arrêter, ils avaient déjà disparu dans les buissons, mais la courageuse maman, elle, a surgi de nulle part, les plumes toutes hérissées, prête à m'attaquer pour défendre sa progéniture. Pour l'épargner d'un stress sûrement intense, j'ai filé rapidement après une ou deux photos. Ce faisant, je me suis peut-être aussi épargné quelques coups de bec sur les tibias!
Après 57 km de route, nous nous arrêtons manger dans un resto de Sainte-Monique. Alors que le ciel se couvre et que du très mauvais temps s'amène manifestement, on interroge la serveuse à propos du gîte d'en face. Elle passe un coup de fil à Pierre, le propriétaire du gîte, qui confirme avoir des chambres disponibles. Nous avons à peine le temps de prendre une bouchée de plus que Pierre en personne entre dans le resto et vient s'attabler avec nous! Sa bonne humeur est contagieuse et il n'a pas vraiment besoin de nous convaincre de prendre des chambres.
Deux heures plus tard, alors que des orages et une pluie torrentielle s'abattent sur le village, nous nous félicitons d'avoir renoncé à poursuivre notre route jusqu'au camping de Péribonka. Monter les tentes sous un tel déluge aurait été un peu tristounet.
Un tronçon récent de la véloroute des Bleuets relie Sainte-Jeanne-d'Arc à Dolbeau-Mistassini à travers une forêt. À notre passage, il était fermé apparemment en raison de dommages causés par les dernières crues printanières. Nous nous sommes donc retrouvés sur la route 169, une artère assez fréquentée par les camions et où le paysage est beaucoup moins idyllique…
Malgré un temps beaucoup plus frisquet que lors des deux premiers jours, nous n'avons pas retenu une chambre au motel, mais plutôt monté nos tentes au camping situé juste à côté de la chute des Pères, choisissant un site plus distant de la chute, qui est très bruyante.
Le nom de la piste Au fil des rivières est un peu trompeur, car on y voit beaucoup de forêt et peu de rivières. En fait, « les » rivières sont au nombre d'une seule, la Mistassini. Mais magnifique est la nature et grand est le plaisir de rouler loin de la route.
Avant de déboucher dans le village de Girardville, la piste Au fil des rivières parcoure les lisières de plusieurs bleuetières. Cette section est plus ardue à vélo car la piste y est très sablonneuse.
La prévision météo pour la nuit annonçait une très grande humidité et une température proche du point de congélation, alors c'est un peu à contrecœur que nous avons opté pour un mini chalet rustique au camping d'Albanel. Mon père a pris le divan-lit du salon, et Isa et moi cette chambre aux allures de cellule de prison en presswood.
C'était suffisamment propre et le chauffage fonctionnait, mais au risque de me faire condamner par les bonnes gens d'Albanel, soyons honnêtes : les constructeurs de ce chalet « ont travaillé en cabochon! »
Depuis Péribonka, nous n'avions plus vu le lac. C'est entre Saint-Prime et Mashteuiatsh que nous le retrouvons enfin!
Notre arrêt pour la nuit était le camping Robertson, à Mashteuiatsh. Encore un royaume du véhicule récréatif démesuré, mais ici aussi de beaux terrains proches de la plage sont tout de même offerts à ceux qui dorment sous la tente. Cependant, le vent du large était puissant et frigorifique, alors nous avons plutôt opté pour un site éloigné de la berge et protégé par les arbres. Le site était relativement isolé, jusqu'à ce que plus de fêtards viennent occuper les derniers terrains voisins disponibles, avec leurs mastodontes sur roues… À la veille de la Saint-Jean, fête nationale des Québécois, il était prévisible que le camping soit complet, mais tout de même, nous avions espéré des voisins plus… modestes? Chose certaine, le vent était définitivement coupé par ces énormes murailles!
Nous étions encore une fois les seuls dans tout le camping à dormir sous la tente. Malgré un manque d'affinités avec nos voisins, le camping Robertson nous réservait une très belle surprise : à la cuisine, le chef Raf prépare des délicieux mets maghrébins comme on n'en trouve probablement dans aucun autre camping au Québec! Ça change des sempiternelles patates frites. Un peu plus de diversité de ce genre dans les campings québécois ne ferait pas de tord.
Après une longue visite du village historique de Val-Jalbert, nous poursuivons la route. Nous ne sommes plus qu'à 25 km de notre destination, Métabetchouan–Lac-à-la-Croix.
Si vous avez poursuivi la lecture jusqu'ici, vous pourriez également aimer les photos du lac Saint-Jean d'Alain LeSieur. Il en a fait le tour à vélo sept ou huit fois, souvent en faisant quelques détours intéressants!