Ce matin là, c'était le silence quasi absolu. Pas même le souffle du vent, rien. Seuls des petits grésillements d'insectes rompaient parfois le silence.
La veille fut moins sereine. Le fort vent ne m'a pas aidé à monter la tente et faillit même emporter la toile de pluie… Le sol était trop dur pour mes piquets faiblards, alors j'ai placé des roches dans la tente. Peut-être par excès de prudence, j'avais même attaché la tente au véhicule (orienté de manière à bloquer le vent; c'était d'ailleurs le seul obstacle au vent sur ce terrain dénudé!).
N'étant pas familier avec le désert, je ne savais pas vraiment de quoi il était capable… Tout ce que je savais, c'était que le vent était suffisamment fort pour brasser le véhicule et que je voyais au loin les éclairs d'un orage menaçant… D'ailleurs, les orages semblaient me suivre depuis trois nuits, sans jamais m'attraper.
Après toutes mes précautions, lorsque je m'engouffrai enfin dans la tente pour dormir, le vent tomba…
Ce ne fut pas ma meilleure nuit. J'ai été réveillé à plusieurs reprises par des bourrasques et une fois à cause de la chaleur!
Le matin, j'ai pu voir que de plus audacieux avaient installé leur tente tout au bord du précipice surplombant la rivière San Juan…
Alors que je dégustais mon petit déjeuner au bord du canyon, j'ai vu une bande de cinq mignons tamias rayés bondissant partout comme des petits kangourous. Extrêmement amusants à observer!
J'ai aussi vu un lièvre et un corbeau. Ces apparitions tombaient à point, moi qui me demandait justement quel genre de bibitte pouvait bien survivre en cet endroit.
Après une montée de 1100 pieds sur une distance de seulement 3 miles, j'ai immédiatement ressenti la différence de climat. En haut, les arbustes étaient légèrement plus gros, presque de vrais arbres!
La diversité de ce territoire est étonnante!
La route 262, vers Hovenweep, présente un terrain très rude de gros rochers acérés éparpillés partout. On jurerait qu'il s'agit des résidus d'une exploitation minière… Sauf que cet arrangement étrange est naturel!
Les ruines de Hovenweep, quant à elles, présentent plutôt des motifs soigneusement organisés. Ces structures, dont quelques petites tours, tiennent encore debout après 800 ans et presque sans mortier!
L'orage qui semblait me poursuivre chaque soir depuis le début du voyage a fini par m'attraper et il ne m'a pas raté! Après une nuit torride dans le désert, ce fut une nuit froide et mouillée dans la forêt. Belle expérience de privation de sommeil…
La fin de journée précédente fut bien longue… Hovenweep, c'était vraiment beaucoup de route pour finalement peu de choses à voir. Au retour, je voulais camper de l'autre côté des Abajo Mountains, mais je n'arrivais pas à trouver le bon chemin forestier. J'ai traversé Blanding à peu près 5 fois. J'ai finalement campé au sud des Abajo, dans un petit camping en bordure du chemin qui permet de franchir les montagnes. Je me suis encore une fois installé à la noirceur. J'étais affamé et j'ai dû attendre que la pluie diminue pour me préparer un repas chaud.
Au moins, le puissant tonnerre couvrait les bruits du bétail qui beuglait dans la forêt! Et la pluie fit rentrer à la maison des freaks en vtt qui tiraient du fusil je ne sais sur quoi en pleine nuit.
J'ai quand même réussi à me chauffer une petite crème de brocoli, mais depuis, le fond de mon chaudron est collé à mort…
Si cette soirée fut démoralisante, peut-être était-ce à cause de la fatigue, mais il y avait aussi que je m'étais créé d'immenses attentes pour cette journée à Hovenweep. Mauvaise façon de penser!
Tout le monde est habillé en camouflage par ici! Habits militaires, visages maquillés en noir… Mêmes leurs véhicules sont déguisés en feuillage! Dès le lever du soleil, la forêt est déjà pleine de chasseurs.
La chasse, ici, c'est du sérieux.
D'accord, je me suis bien rendu au sommet du Abajo Peak (11019 pieds d'altitude), où sévissait un frisquet 10° C, mais là une brume envahissante ne permettait pas de voir au loin.
Le sommet est accessible par la route forestière. Avec un véhicule tout terrain, seul un tronçon de quelques kilomètres près du sommet demande une attention plus soutenue.
En chemin, il est très facile de voir de nombreux chevreuils (et bien sûr de nombreux chasseurs).
On retrouve un peu de tout, gravé sur ce rocher: scènes de chasse, symboles abstraits, divers pieds (pourvus de quatre à six orteils), personnages cornus, signatures, trous de balles…
De toutes les époques, il y a eu quelqu'un pour y ajouter son grafitti.
À l'est de Newspaper Rock et du Dugout Ranch, j'ai pris la route forestière qui retourne vers la Manti-la Sal National Forest. J'ai ensuite bifurqué sur le Beef Basin. Mon but était de rejoindre par là les Needles.
L'orage de la veille semblait avoir eu des conséquences néfastes sur la route, car l'eau y avait tracé de profonds sillons. Par endroits, il fallait en fait rouler hors de la route, celle-ci étant impraticable. Heureusement, je n'étais pas pressé!
Ce chemin est très peu fréquenté. Je n'ai croisé que deux véhicules après avoir quitté la route 211. Dans le Beef Basin, je ne voyais sur le sable du chemin labouré par la pluie que trois pistes de véhicules: un tout terrain et deux moto-cross.
J'ai franchi une descente rocailleuse infernale. Cette fois-ci, c'était du vrai offroad! J'en frémissais!
La petite route d'herbes dorées qui suivait fut d'un grand repos après ces émotions.
J'espérais qu'il n'y ait pas devant moi d'autres épreuves comme celle-là… Je me disais aussi que si jamais j'étais contraint à faire le chemin inverse, alors je ne m'en sortirais pas…
Au Bobby's Hole Campground, j'ai rencontré des gens de Denver vraiment sympas: Tim, qui vient dans les Canyonlands à tous les ans depuis 22 ans, sa fille Chloë et son neveu Mark, qui l'accompagnent depuis 3 ans dans ces expéditions annuelles.
Quand je suis arrivé le soir, ils m'ont accueilli comme un vieil ami, avec un bon petit verre de Jack Daniel's. Leur chaleur ne pouvait mieux tomber, car j'avais besoin d'un peu de réconfort, me sentant un peu perdu dans cette région plus sauvage que je m'y attendais.
Ils m'ont raconté plein d'anecdotes sur leurs expéditions précédentes, où il leur est souvent arrivé d'endommager leurs véhicules dans ces chemins accidentés. Le plus ardu est le district du Maze, où les expéditions s'organisent toujours à deux ou trois véhicules, car ils doivent s'attendre à les briser tellement le chemin est difficile. Les crevaisons y sont assurées et les réserves d'essence doivent être bien calculées!
Ici-même, dans les Needles, ils ont déjà eu de la neige en plein mois de mai, alors qu'ils campaient justement au Bobby's Hole. La terre des chemins s'étant transformée en vase glissante, ils avaient frôlé la mort en dérapant sur 50 m le long d'une falaise abrupte…
En général, les routes sont très difficiles au printemps et durant la saison des pluies (septembre). L'été est habituellement plus chaud et sec et la région moins verdoyante qu'elle ne l'était cette année. Pour eux, il était anormal d'entendre des criquets ce soir là, car il règne normalement un silence absolu.
Pour le retour, ils m'ont conseillé de reprendre par où j'étais venu, car le passage à Elephant Hill, plus en avant dans les Needles, est très difficile. À cet endroit, il vaut mieux être accompagné, afin d'avoir quelqu'un pour guider hors du véhicule. Tant pis, j'ai opté pour la prudence et choisi de revenir en arrière. L'effort n'aura pas été vain pour autant, car j'ai découvert des gens charmants et une région magnifique et sauvage.
Sur le chemin du retour, ils m'ont accompagné pour la portion difficile du parcours et m'ont donné un truc tout simple pour franchir les côtes que je croyais insurmontables: une fois qu'on s'engage dans la montée, il faut y aller à fond jusqu'en haut, la pédale dans le plancher, peu importe les fracas effrayants de roches contre la tôle et les inquiétantes odeurs d'essence et de caoutchouc brûlé. Ça a marché! Bien sûr, il faut tout de même étudier au préalable la trajectoire à emprunter et surtout ne pas oublier d'embrayer sur la plus petite vitesse…
À nouveau seul, tout juste après avoir laissé mes amis, l'auto s'est enlisée dans la boue, sur un chemin secondaire que je parcourais par pure curiosité!
Peut-être avais-je un excès de confiance, après tous les chemins accidentés que je venais de parcourir. En voyant la boue, je m'étais marmonné naïvement: "Bôf! Avec un bon élan, ça va passer comme dans du beurre!", d'autant plus qu'il y avait déjà là l'empreinte d'un autre véhicule (probablement un plus gros!).
Sans pelle, ce n'était pas facile de désembourber le véhicule… J'ai sué pendant deux longues heures, à quatre pattes dans la bouette, pour me tirer de là en essayant de placer des roches sous les roues.
Pendant tout ce temps, pas le moindre individu n'est passé dans le coin…
Quand je m'en suis finalement sorti, après quelques minutes de bête euphorie, j'avoue m'être lâchement contenté de revenir en arrière, sans assouvir la curiosité qui m'avait amené par là!
Si l'agence de location de voitures avait su où j'allais…
Quand j'ai enfin revu l'asphalte de la route 211, je l'ai presque embrassée, tel le pape embrassant la piste d'atterrissage en sortant de l'avion…
La veille au soir, après les aventures exténuantes des Canyonlands, j'ai décidé de passer la nuit dans un motel pas cher de Monticello, plutôt que sous la tente. Monticello, comme la plupart des villes du coin, c'est bien plus petit que ce qu'on s'imagine en voyant le point sur la carte. En fait, c'est bien plus un village qu'une ville, et pourtant la Main est large de 5 voies!
Les dépanneurs sont ici des postes à essence avant tout. Côté bouffe, on y trouve pas grand chose… Ce sont aussi les seuls commerces encore ouverts à 20h30. Hormis la Main, aucune rue ni rien n'est éclairé. Mais il y a des chasseurs dans tous les coins, encore vêtus en camouflage. Il est très rassurant de voir ces silhouettes se faufiler dans la pénombre!
Je suis content d'être allé dans les Needles, hors des sentiers battus, car c'était un excellent moyen de découvrir le coin. Je ne suis pas particulièrement amateur de offroad, mais en roulant sur le circuit pavé du parc, je dois avouer avoir éprouvé un peu d'ennui! De plus, il faisait un peu chaud pour de longues randonnées pédestres. Sur l'heure du midi, par exemple, j'étais revenu crevé d'une randonnée d'à peine 1 km!
Je suis par ailleurs allé examiner, à pieds, un petit bout de la route que je n'avais pas osé emprunter la veille, à Elephant Hill. C'est en effet un passage très difficile. Il y a là quelques "marches" assez hautes!
L'arrivée à Elephan Hill a marqué 1730 miles parcourus depuis mon départ de L.A.
En moins d'une heure, je suis passé de 29°C à ma sortie des Canyonlands, à 14°C à Oowah Lake, dans la section nord de la Manti-la Sal National Forest. Ça doit être la conséquence du soleil parti se coucher et de l'altitude de ce camping (18800 pieds).
J'adore la liberté qu'offrent les campings des National Forest, car je décide toujours au dernier moment de l'endroit où je dormirai. Puisqu'ils sont moins fréquentés, y'a toujours de la place. Nul besoin de s'inquiéter à réserver!
Matin frisquet à 11° C.
Ce fut une idée géniale que de louer un véhicule tout terrain, même si, au fond, une minorité de routes sur mon itinéraire exigaient vraiment un tel engin. Par exemple, la Shafer Trail Road pourrait en fait se parcourir avec un véhicule ordinaire. Mais le tout terrain m'a permis d'oser affronter ces chemins inconnus sans crainte excessive d'être bloqué.
Un avantage de ces routes plus accidentées, c'est qu'on roule beaucoup plus lentement, ce qui donne le loisir de savourer le paysage. De plus, c'est tellement tranquille qu'on peut s'arrêter où on veut sans déranger personne.
À 11$, le camping de Goblin Valley est un peu cher, mais quel camping! Le site est magnifique, ils ont l'eau courante et même des douches, le tout d'une propreté que je n'ai vue dans aucun des autres campings de mon itinéraire.
C'est vraiment une belle expérience que de camper dans le désert. On peut savourer le silence le plus profond, tout en admirant le ciel étoilé mieux que n'importe où ailleurs. La veille au soir, toutefois, le ciel fut couvert, encore parcouru d'éclairs au loin. Quelques ondées ont surgi sur le parc.
J'ai vu dans la nuit quelques chauve-souris et ensuite un petit coyote! À la noirceur, ce sont des petits bruits qui avaient éveillé mon attention, car autrement je n'aurais jamais pu le repérer. Le pelage de la même couleur que le sable des environs, tout petit et mignon, avec de très grandes oreilles, une grosse queue touffue et semblant bien curieux à mon égard, mais prêt à fuir au moindre de mes mouvements. Du haut d'une petite butte, je l'ai suivi un bout de temps à la lampe de poche. Je suis allé chercher mon appareil photo et mon flash, mais je ne l'ai plus revu. Le vent s'est par la suite levé et je ne pouvais plus entendre ses pas discrets.
25°C le matin. Lever à 7h. Le bonheur total! Je ne m'étais pas jamais levé si tard en camping! Le vent tombé, c'était à nouveau le silence absolu (ou presque; il ne restait que le bzzz des mouches).
Le vent de la veille avait soufflé du sable fin à travers le filet de la tente. Ça valait bien la peine de prendre toutes les précautions pour ne pas salir l'intérieur…
En démontant la tente, un petit scorpion beige d'environ 4 cm s'est échappé d'en dessous…
C'est qu'ils sont rapides ces petits lièvres! J'en ai vu plusieurs durant mon voyage et celui-ci est le seul que j'ai pu capturer en image! Après l'avoir aperçu de loin, j'ai suivi ses pistes pendant quelques minutes avant d'arriver à le surprendre.
Quelles oreilles!
J'ai volontairement sauté le Arches National Park. C'est bien beau les arches, mais pourquoi l'arche serait-elle la seule forme intéressante?
Je n'ai pas le goût de faire des randonnées seulement dans un but précis (comme celui de voir des arches). Je préfère me donner une chance d'apprécier l'ensemble du paysage.
Par contre, je suis depuis tombé sur des photos du parc et il n'y a pas là que des arches! Je suppose que ce sera à ne pas manquer la prochaine fois…
Goblin Valley est une zone extrêmement sablonneuse. On n'a plus affaire à des rochers, mais à des montagnes de sable qui s'effritent.
C'est fou la quantité de bateaux et de moto-marines qu'on peut voir sur la route, en plein désert. Les gens semblent obsédés par l'eau, même s'il n'y en a pas vraiment dans le coin!
Tous les lacs que j'ai vus étaient artificiels, ce qui manque totalement de charme. Ces lacs ont quelque chose de repoussant quand on est habitué à de vrais lacs.
À Moab, j'ai lu dans un journal local qu'un groupe désirait restaurer le Glen Canyon dans son état original (un barrage l'a transformé en immense bassin d'eau). Ils auront sûrement une opposition féroce de la part des plaisanciers, qui profitent du bassin créé par le barrage. Le Glen Canyon devait être autrefois un endroit extraordinaire.
À toutes les fois, je me suis laissé surprendre par la petitesse des "villes". Je croyais que Boulder serait assez grosse et que je pourrais y faire mes emplettes; mais non, à Boulder, j'ai vu à peine 30 maisons!
J'étais presque à sec d'essence, car déjà à Hanksville j'avais passé mon tour parce que c'était cher et que je croyais que Caineville serait plus grosse (hé non), et là aussi j'avais supposé de même pour Boulder (qui s'est avérée encore plus petite et plus chère)… La station service de Boulder était fermée, mais je pouvais heureusement gazer à la carte Visa, mais à 1,61$ le gallon, le plus cher de mon parcours.
J'avais espéré camper à Calf Creek, mais contrairement à tous les autres campings sur mon parcours, c'était complet! Comme je n'avais pas trouvé le camping d'Escalante, je me retrouvai dans la Dixie National Forest. C'était charmant, avec un ruisseau tout près, mais c'était une froide et humide forêt montagneuse, alors que je m'attendais à dormir bien au chaud au fond d'un petit canyon…
Il n'y avait personne d'autre que moi dans le camping; étaient-ils tous à Calf Creek, les chanceux? Néanmoins, ces circonstances fortuites me permirent de faire une boucle et de revoir, cette fois à la lumière du jour, la route fantastique entre Boulder et Calf Creek.
J'ai savouré un petit déjeuner paisible au Hell's Backbone Bridge. Ils ont des petites mésanges ici! Cute!
Par ici, le moindre petit ruisseau devient prétexte à un sillage de verdure.
Pour un aller-retour à la chute, il faut compter environ 3 heures de marche sur un sentier au fond du petit canyon. Là ne souffle pas la moindre brise de vent et se trouvent peu d'espaces ombragés, mais la beauté de la chute vaut l'effort, surtout que son eau est très rafraîchissante, même trop froide!
Le sentier lui-même est très instructif, si on prend le temps de lire le feuillet distribué à l'entrée du parc. Ainsi, j'ai appris que les zones marécageuses du canyon ont été formées par des barrages de castors!
Je n'aime pas les parcs trop organisés; Bryce est l'un de ceux-là.
Petits chemins parfaits, limite de vitesse ridicule, plein de pancartes d'interdictions telles que: no camping, no rv's beyond this point, buckle up, camp in designated areas only, no parking any time, danger cliff, watch your step, watch your children, watch your pets, watch for animals, watch for bicycles, watch for pedestrians, watch for rocks… À croire que le monde est con?
Il y avait un groupe de Français totalement captivés par un petit tamia rayé (qu'ils appelaient écureuil). Comme j'essayais d'admirer le paysage et que j'étais la personne qui s'agitait le moins, le petit tamia venait toujours vers moi, avec la cohue qui le suivait… Grrr!
Personne — hormis un vieux monsieur et un petit couple — ne semblait capable d'admirer en silence ce paysage qui défie l'imagination. Les enfants étaient ceux qui semblaient apprécier le moins et chialaient pour retourner à la piscine!
Le Grand Canyon dans deux jours? Pour moi la réponse fut alors très claire: Non! Ce qui m'est le plus cher dans mes explorations, c'est l'atmosphère.
Le parc de Kodachrome Basin possède l'un des campings les plus chouettes de mon voyage. La nuit, on aperçoit, découpant le ciel étoilé, la silhouette des montagnes qui encerclent le camping.
Mon campement était entouré de fleurs et traversé par un petit ruisseau. La tente reposait sous un bel arbre tortueux. Des oiseaux-mouches s'amusaient alentour (quoiqu'ils fussent assez gros; j'aurais plutôt parlé d'oiseaux-bourdons!). Le site était également fréquenté par des petits lièvres, et même des mignons bébés-lièvres!
Quelle variété le long de cette route! La terre est rouge, blanche, jaune, grise, verte… À chaque colline sa couleur.
Sur les petites routes, tout le monde se salue. C'est tellement plus convivial que l'Interstate! Et on a le temps d'observer et de s'arrêter fréquemment. J'espère qu'ils ne paveront jamais cette route, car plus personne ne pourrait prendre le temps de l'apprécier.
Au fond, toutes ces routes désertes sont les plus sécuritaires… Pas de risque d'accident! (du moins pas avec d'autres véhicules, tellements ils sont rares). Pas de grosse roulotte à doubler. Aucune source de tapage sur les nerfs. Génial!
Il n'est pas vraiment nécessaire d'avoir un véhicule tout terrain pour parcourir cette route. J'ai même croisé plusieurs véhicules ordinaires. Il faut seulement être attentif aux nombreux nids-de-poule…
C'est fou comme on peut observer facilement l'évolution de l'oeuvre de la nature.
Ici, on voit que les parties sablonneuses s'érodent facilement sous les lourds rochers, qui finissent par se détacher du sommet et dévaler au pied de la falaise.
S'il n'était pas si près de la route, le camping ici serait presque au même niveau que celui de Kodachrome Basin. La nuit, quand on essaie de dormir et qu'un camion passe sur cette route, on croirait entendre un avion au décollage!
Puis l'endroit est infesté de guêpes, à un tel point qu'il est difficile de manger tranquillement…
Mais on oublie facilement ces petits soucis lorsque les amateurs de dune buggy arrivent, tôt le matin, pour s'amuser bruyamment dans les dunes…
Quelques parties du parc sont heureusement interdites aux vtt afin de préserver la végétation (et, je suppose, la santé d'esprit des promeneurs).
Finalement, je suis passé par Zion, l'un des parcs les plus fréquentés des États-unis. C'aurait été un détour de l'éviter, alors aussi bien essayer d'en profiter.
Le Zion Canyon ne m'a pas semblé particulièrement photogénique. S'il est populaire, c'est probablement parce qu'il est "gros", et les Américains aiment tout ce qui est gros…
Cette partie de Zion, c'est un peu comme un Disneyland, en drive-in. Mais il y avait comme un smog; était-ce la pollution automobile? Sérieusement, avec toute cette circulation automobile, dans cette vallée profonde et peu aérée, cela ne me surprendrait aucunement.
Évidemment, il faut probablement rester plus longtemps et aller dans ses parties les plus reculées pour savourer le parc. En me fiant au trafic automobile, je pense bien que sur les 3 millions de visiteurs par an, probablement 2 900 000 doivent se contenter de la randonnée motorisée…
Ici, j'ai compris pourquoi je voyais si souvent de gros bateaux remorqués dans le désert. Je supposais qu'ils allaient vers de gros bassins lointains, comme le Glen Canyon ou Lake Mead.
Ce n'est pas nécessairement vrai, car ils servent aussi sur des lacs artificiels gros comme la main, comme celui de Quail Creek, à peine des flaques d'eau! Ils y font du ski nautique en rond… Après quelques minutes, ça doit être étourdissant!
Charmante soirée que celle que j'ai passée à Quail Creek. Il y a eu une dispute entre une femme hystérique et un gars pas trop soucieux d'autrui qui ont fait "connaissance". J'ai assisté au plus beau concert d'insultes qu'il m'ait été donné d'entendre en anglais… Cependant, le vocabulaire semble assez limité: tout tourne autour de bitch, fuck et de liens de parenté… ;-) Le chien qui jappe, les enfants qui pleurent, les deux énergumènes qui se bousculent… La police est même intervenue… C'est pas assez sauvage comme camping. Trop près de la civilisation.
Ces réjouissances ont marqué mes derniers moments dans l'Utah, juste avant de passer au Nevada!