Je suis arrivé au camping seulement vers minuit la veille. En route, il y avait des éclairs incessants au loin, au-dessus de Phoenix.
Les villages que j'ai traversés durant la soirée avaient une ambiance bizarre. Presque sans lampadaires, on y voyait se promener des silhouettes fantômatiques, souvent de gens d'origine mexicaine et coiffés de chapeaux de cowboy. Ils flânaient autour des téléphones publics, des petits commerces et des tavernes.
Plus près de Prescott, la route était fabuleuse, haute en montagne avec d'interminables virages en épingle.
La route 179 près de Sedona est incroyable. Rouler entre les immenses géants rouges est époustouflant!
Quand j'ai planifié mon itinéraire, je m'attendais à croiser des sites fantastiques de temps à autre, mais en fait c'est à couper le souffle presque partout!
L'horreur: des tas de touristes! En voyant les nombreux autobus, j'ai bien failli m'en retourner me satisfaisant de n'avoir vu que le stationnement…
Y'avait une grosse tarée qui se baladait dans les ruines vieilles de 800 ans et qui arrachait des bouts d'écorce d'un arbre magnifique. Si tout le monde faisait pareil…
Et ces hordes de gens au parfum cheap qui s'agglutinaient devant les panneaux d'interprétation… Ça ne donnait pas le goût de se cultiver!
Cependant, c'est une ruine magnifique, malheureusement affligée d'une trop grande accessibilité.
Hé, du bétail en pleine forêt!
Au bord de la falaise, superbe vue! Je ne me doutais pas que de telles montagnes étaient à la fois si facilement accessibles et si tranquilles. La route forestière (forest road 300) est bien entretenue et convient à tout véhicule (à quatre roues, du moins).
Cette crète était très écho. On pouvait entendre le moindre gazouillement d'oiseau. C'était féerique! Cet endroit n'est pas mentionné dans les guides touristiques, mais il n'en est pas moins grandiose. Je me sentais privilégié de m'y retrouver.
C'est une très belle forêt, mais une bonne partie a été (sélectivement) bûchée. Chaque mètre carré de cette forêt a probablement été un jour ou un autre piétiné et saccagé par l'homme. Parfois, il y a laissé des traces malheureuses, comme des bouteilles de bière (un fléau en Arizona!).
Pays de cowboys! J'en ai croisé un vrai de vrai, à cheval dans ce coin perdu et arborant la moustache dans le plus pur style 1880. Et ensuite trois ados en vtt, avec la carabine en bandoulière…
Grand héron solitaire. Deux pas plus tard, il s'envolait…
800 miles parcourus!
Ce parc, c'est le fast-food du tourisme! Du moins, c'est l'utilisation qu'en font ses visiteurs. Ils débarquent à peine de leur char, le temps d'une photo à côté d'une bûche, puis repartent, sans jamais avoir pris le temps d'apprécier. Pour ces hordes de touristes en route vers le Grand Canyon, ce n'est ici qu'une vulgaire escale. Le seul sentier pédestre du site de Crystal Forest n'était presque pas fréquenté.
C'est un parc tout de même très spécial, mais on ne peut s'arrêter qu'aux endroits désignés. De plus, c'est étrangement mort; pas grand chose ne pousse ici et il ne semble pas y avoir le moindre petit lézard. Toutefois, le plus déprimant est de constater que tous les troncs pétrifiés ont été mutilés. À la sortie du parc, les rangers doivent fouiller des véhicules pour vérifier que les gens ne partent pas avec des bouts de ces arbres pétrifiés, vieux de 225 millions d'années…
Le territoire Navajo est somptueux. La plaine se laisse admirer à perte de vue dans toutes les directions. On repère un orage par-ci, du soleil par là…
Je ne vois pas comment les premiers habitants auraient pu résister à explorer, à désirer se rendre à chaque petite colline lointaine…
Le paysage est probablement très semblable à ce que les premiers explorateurs Blancs ont découvert. C'est très sauvage. Il y a bien la route, une clôture de chaque côté, parfois une ligne électrique, mais après ça, seulement les grands espaces. Les Navajos laissent le bétail circuler librement (chaque bête est marquée afin d'identifier son propriétaire) et n'utilisent donc presque pas de clôtures. Ils n'ont que quelques petites maisons décrépites très espacées les unes des autres et éloignées de la route. Les Navajos n'ont pas défiguré leur terre au bulldozer et à la bétonneuse. Un exemple que devraient suivre les Blancs…
Un parc géré par les Navajos, c'est génial; tellement plus vrai! Quelques Navajos vivent au fond du canyon et y élèvent des chèvres. Contrairement à plusieurs autres parcs, celui-ci n'est pas un musée figé et sans vie.
La vue est impressionnante du haut des falaises, qui s'élèvent de 600 à 700 pieds. Néanmoins, il faut absolument descendre dans le canyon pour pleinement le savourer.
La randonnée jusqu'au fond du canyon donne le temps de vraiment l'apprécier. Le canyon est fantastique au premier coup d'oeil, mais chaque pas en son sein nous le fait savourer un peu plus.
Pour aller jusqu'au pied des ruines, j'ai dû traverser pieds nus la rivière, dont l'eau rougeâtre était de même couleur que les parois du canyon. Le petit ponton de corde et de bois avait été emporté la veille par les crues d'un orage. De l'autre côté de la rivière, tout le monde se baladait pieds nus sur le sable doux, ce qui changeait des habituelles empreintes Reebok ou Nike.
Au retour, quelques touristes et moi avons aidé un groupe de Navajos qui s'affairait à tirer le pont hors des flots, certains d'entre eux dans l'eau jusqu'à la taille. On employait les moyens du bord (des cordes et des muscles), pendant que des touristes Français se contentaient de tranquillement croquer la scène en photo…
Au retour des ruines, pendant la montée, je me suis arrêté sur un petit banc pour savourer les bruits échos du canyon: clochettes de chèvres, criailleries d'écureuils, gazouillis d'oiseaux.
Étrangement, je n'ai pas croisé tellement d'Américains durant la balade, mais plutôt des Français, Allemands, Russes, Espagnols, Italiens.
On ne sait jamais ce qui nous attend après chaque colline ou chaque virage. En prenant la route indienne 59, on tombe en plein paysage de rochers rouges. Colline suivante, plaine verdoyante. Autre colline, plaine de couleur ocre superbe!
Autant le pays des Navajos est beau, autant leur plus grosse ville, Chinle, est atroce. La campagne en sa proche périphérie n'est pas très belle non plus. C'est négligé, beaucoup de débris, de ferraille et des maisons affreuses. Beaucoup de gens vivent dans des maisons mobiles et une très infime minorité dans des hogans traditionnels (maisons à 6 versants). Chinle est très pauvre, il n'y a rien à y faire et ça semble impossible d'y trouver de la vraie bouffe.
Dernier regard vers l'Arizona.
Bienvenue en Utah!