Étiquette d'eau embouteillée.

Même si Vientiane n'est pas aussi rurale que le reste du Laos, Nong Khai, en comparaison, ressemble à un icone de modernité! À Nong Khai, c'est l'orgie de bouffe et de produits de consommation débordant des échoppes. Et on y aperçoit nettement moins de vélos, plus de motos.

Des inscriptions en thaï, sur un monument du Sala Kaew Ku.

Le site ayant le plus retenu mon attention à Nong Khai fut sans contredit le Sala Kaew Ku, un jardin de statues souvent délirantes, d'inspiration bouddhique et hindoue.

Au Laos, le créateur du parc avait déjà édifié un jardin fort similaire, le Xieng Khuan, aux abords du Mekong, tout juste en face de Nong Khai. Avec le Sala Kaew Ku, par contre, il a poussé encore plus loin l'extravagance!

En comparant les deux parcs, on constate que, en maints petits détails, les oeuvres de béton semblent plus achevées au Sala Kaew Ku que de l'autre côté du fleuve, tandis que la végétation plus luxuriante y ajoute à l'atmosphère mystique.

Le torse d'une statue joliment sculptée du Sala Kaew Ku.

La silhouette d'un coq devant un monument du Sala Kaew Ku.

Des statues visant à montrer que la passion est éphémère, dans une section particulièrement "éducative" du Sala Kaew Ku.

Un bouddha du Sala Kaew Ku.

Le reflet d'un bouddha dans un bassin du Sala Kaew Ku.

Une statue du Sala Kaew Ku.

Des bouddhas du Sala Kaew Ku.

La base d'un chedi du Phra That Bang Phuan.

Le Phra That Bang Phuan est un lieu sacré historique, un temple paisible où on remarque surtout quelques vieux chedis de briques et un important stupa de style indien.

À vélo, la vingtaine de kilomètres de Nong Khai jusqu'au site fut plutôt moche, surtout à cause d'un tronçon de 12 km sur une autoroute bordée de postes à essence, de concessionnaires automobiles, d'usines et de terrains vagues… Les autoroutes sont horribles dans tous les pays! À la différence qu'ici on croise régulièrement un véhicule roulant à contresens ou tout bonnement stationné sur la voie…

Les ruines d'un pavillon du Phra That Bang Phuan ont été recouvertes d'un toit afin de les protéger contre les intempéries.

La pluie au Phra That Bang Phuan.

La mousson en Thaïlande, ou du moins au centre et au nord-est du pays, ce n'est qu'une pluie torrentielle quotidienne qui ne dure, au plus, que quelques heures.

Si on se fait surprendre à vélo, la chaleur aura vite fait de nous sécher une fois l'averse terminée. Mais il est rare d'être détrempé, puisque de nombreux petits abris bordent les routes.

Parfois, il arrive qu'il pleuve toute la nuit, mais les journées ont presque toujours leur large part d'ensoleillement. C'est une saison verdoyante magnifique, à mon avis la plus belle saison du pays, qui s'étale de juin à octobre.

Inutile d'apporter un imper!

Un petit pot servant à planter des tiges d'encens, vide sous la pluie, au pied d'un chedi du Phra That Bang Phuan.

Un chedi du Phra That Bang Phuan.

En route vers Tha Bo.

Les toits de Tha Bo.

Sans signe distinctif ni attraction notable, plus petite que Nong Khai de moitié, plus éloignée du Pont de l'amitié Thaï-Lao, la petite ville de Tha Bo m'a pourtant semblé mille fois plus vivante, notamment grâce à un petit marché comme je les aime, populaire, varié, authentique.

Un chien errant sur une rue de Tha Bo.

Un peintre sur un échafaud, au Wat Ong Teu. Invulnérables du haut de leur échafaud, les ouvriers sifflaient les filles qui passaient en bas…

Au Wat Ong Teu, à Tha Bo, la légende veut que des larmes aient coulé des yeux du bouddha de bronze, après que des voleurs se soient emparés d'une main de la statue. Les pleurs auraient seulement cessé lorsque cette main fut restituée.

En effet, en observant le bouddha on peut constater que la main semble avoir déjà été sectionnée, tandis qu'un suintement a laissé des traces sous les yeux. Étrangement, ces traces auraient subsisté toutes ces années sur une statue pourtant bien astiquée…

La légende aidant, les affaires semblent bonnes dans ce monastère miraculé, surtout si on considère le confort apparent de certains pavillons équipés d'air climatisé, la quantité de boîtes destinées à recevoir les dons monétaires et le nombre de visiteurs Thaïs venus par autobus…

Un stand où l'on fait rôtir des poulets, à Tha Bo.

Des desserts gélatineux typiques de Thaïlande, servis sur une rue de Tha Bo.

Une rizière près de Tha Bo.

Le Wat Luk Khoei, un pavillon construit sous une saillie rocheuse, dans le parc historique du Phu Phra Bat.

À environ 42 km au sud-ouest de Tha Bo se trouve le parc historique du Phu Phra Bat, près de Ban Pheu, dans la province de Udon Thani.

À vélo, le parcours champêtre allant de Tha Bo jusqu'au parc fut fort agréable. Chemin faisant, j'ai même eu droit aux baisers soufflés d'une passagère rigolote qui prenait place dans un songthaew! Plus tard, un homme bavard également à vélo m'a accompagné pendant un ou deux kilomètres, ne cessant de me parler en thaï sur toute la distance, alors que je n'y comprenais rien… (parfois, il suffit de leur adresser quelques mots en thaï pour que les gens s'imaginent que nous parlons couramment leur langue!)

Avant d'atteindre le parc, il fallait aussi traverser Ban Pheu, une ville qui m'a semblé au moins aussi grande que Tha Bo. Il fut facile de s'y restaurer.

Le Wat Luk Khoei, dans le parc historique du Phu Phra Bat.

Le Phu Phra Bat est une colline culminant à une altitude de 350 mètres, sur laquelle on trouve un mélange hétéroclite de formations géologiques bizarres, de lieux sacrés anciens, de sculptures bouddhiques et même de peintures rupestres vieilles de 2 500 ans. Les sites d'intérêt sont accessibles par d'agréables sentiers pédestres qui, pour la plupart, peuvent aussi être parcourus à vélo.

Inaccessible à vélo, le Pha Sa Det offre une belle vue sur une vallée verdoyante, au terme d'une agréable marche d'environ 500 mètres.

De vieux bouddhas du parc historique du Phu Phra Bat.

Le Ho Nang Ussa, dans le parc du Phu Phra Bat, une drôle de formation de grès dans laquelle fut construit une sorte d'abri.

Des peintures rupestres, dans le parc du Phu Phra Bat.

Un autoportrait, sous l'une des curieuses formations rocheuses du parc du Phu Phra Bat.

Le parc du Phu Phra Bat possède plusieurs sites d'intérêt et plusieurs heures sont requises pour en faire une tournée exhaustive.

Un employé du parc m'a indiqué que j'aurais pu y camper pour la nuit. Mais puisque j'avais prévu retourner à Tha Bo, je n'avais pas emmené ma petite tente-hamac, hélas! Camper dans le parc aurait certainement été une expérience agréable, en plus de laisser plus de temps pour explorer les différents sites.

Le haut chedi du Wat Phra Phutthabat Bua Bok, un monastère situé en périphérie du parc du Phu Phra Bat.

Vers 22:30, le seul commerce encore ouvert à Tha Bo semblait être l'habituel 7-Eleven. Quoique, lors de mon retour tardif, j'aie aussi aperçu les non moins habituels pubs à karaoké, en périphérie de la ville.

C'est le retour du Phu Phra Bat qui fut moins plaisant. La nuit est tombée avant que je n'atteigne Tha Bo, puis sont surgis les insectes nocturnes, qui me rentraient dedans et restaient collés à ma peau moite de transpiration…

Il semblait y avoir une heure critique pour les insectes, juste après le coucher du soleil, car plus tard dans la soirée ceux-ci parurent moins nombreux.

Un bouddha dans un monastère du village de Si Chiangmai.

Des pâtes à rouleau printemps qu'on fait sécher au soleil, à Si Chiangmai.

Une maison typique de la vallée du Mekong.

Le matin, peu après mon départ de Si Chiangmai, je me suis arrêté à un bike shop pour huiler la chaîne du vélo. Les gars de ces commerces sont toujours très accueillants et cette fois-là c'est un grand verre de bière matinal que j'ai dû accepter…

Un bassin du Wat Hin Maak Peng, un important monastère situé aux abord du Mekong, en aval de Sangkhom.

Un arc-en-ciel surplombe le Mekong après le passage d'un orage, non loin de Sangkhom.

Extrait sonore : Le tonnerre

La route 211, bordée de plantations de bananiers, près de Sangkhom.

Une paysanne transporte des tiges de bambou. Léger et très solide, le bambou sert à toutes sortes de constructions.

Une cabane entourée de bananiers, près de Sangkhom, un secteur particulièrement fertile de la vallée du Mekong.

Au lever du soleil, la brume se retire doucement de la forêt, sur la rive laotienne du Mekong, face à Sangkhom.

Extrait sonore : Les pagayeurs

À Sangkhom, j'habitais une petite hutte de la Bouy Guest House, avec vue sur le Mekong. Sous le portique se trouvaient un hamac, où il faisait bon se prélasser, et une table parfaite pour écrire. De quoi passer des journées entières à ne rien faire! Quant à la bouffe préparée par le propriétaire, elle était succulente!

Les huttes, bien espacées, étaient situées sur une presqu'île accessible par un petit pont chambranlant, duquel on pouvait observer régulièrement des pêcheurs à bord de petites pirogues vérifiant leurs filets ancrés sous l'eau.

Sur le parterre se trouvaient quelques bosquets fleuris, ainsi que des fauteuils typiques de Thaïlande, faits de vieux pneus taillés, assemblés et peints, étonnamment confortables!

La veille, après mon arrivée dans ce petit paradis, j'ai longuement paressé, étendu dans le hamac, n'écoutant que les bruits du fleuve à la tombée de la nuit. Des pagayeurs à l'entraînement glissèrent sur les eaux dans leur embarcation effilée, ramant et meuglant en cadence. Chaque village du Mekong possède au moins une équipe, comptant souvent jusqu'à 50 rameurs, qui prennent part à des compétitions amicales durant la mousson.

Face à Sangkhom, une petite embarcation traverse le Mekong, emmenant ses passagers au Laos.

Extrait sonore : Les grillons, les chiens et le gecko

De Sangkhom, lorsqu'on scrute l'autre rive du Mekong, on voit une hutte ci et là, mais sinon pas grand chose hormis la jungle.

Lorsque Toy, le propriétaire de la guest house, se rappele son enfance, il y a 40 ans le Laos – du moins cette région qui fait face à Sangkhom – était comme la Thaïlande. Depuis, le côté thaïlandais du Mekong s'est développé, notamment au niveau de l'agriculture, avec beaucoup de déboisement, allant jusqu'à raser les collines de tous leurs arbres, tandis que le côté laotien est resté inchangé. Cet endroit, pourtant situé à seulement 40 km de la capitale laotienne, serait même encore dépourvu de routes raisonnablement pratiquables! La Thaïlande et le Laos ont emprunté des chemins bien différents.

Des collines entourant Muang Namprai, un village rural d'une cinquantaine de familles, près de Sangkhom.

Sur les conseils du propriétaire de la guest house, et guidé par une carte tracée de sa main, j'ai fais une très intéressante randonnée à vélo d'environ 55 km autour de Sangkhom, empruntant un chemin forestier et traversant quelques villages isolés qui n'ont que récemment été rejoints par des routes et alimentés en électricité. Jusqu'à ce que les armes soient rendues, en 1986, les jungles et collines de cette région accidentée formaient un bastion de la guérilla communiste.

Après que les jeunes aient quitté leurs villages pour les grandes villes et soient revenus y mourrir des conséquences du SIDA, le gouvernement a commencé à développer la région, dans l'espoir de freiner l'exode de la population. Certains de ces villages connaissent aujourd'hui une prospérité relative, comme Pong Thawng (où on fait la culture du caoutchouc), tandis que d'autres, comme Fa Phra Tan, se sont appauvris après que la forêt environnante ait été illégalement exploitée et rasée, causant un assèchement du territoire. Pour ceux-là, la prospérité viendra peut-être dans quelques années, avec les plantations qui remplaceront la jungle d'antan.

La corruption est bien présente dans la région de Sangkhom. Les fonctionnaires et les policiers mènent une vie nettement plus aisée que les gens qu'ils sont sensés servir, tout en travaillant moins. Leurs luxueuses demeures, leur penchant pour le gambling et le proxénétisme font que l'esprit rebelle persisterait encore aujourd'hui chez de nombreux paysans qui, eux, n'ont pas même les moyens d'acheter de la nourriture et vivent toujours d'une agriculture de subsistance.

La mafia locale serait moins puissante aujourd'hui qu'autrefois, depuis que le gouvernement s'est sérieusement mis à la tâche pour l'éliminer. Les tarifs de "protection" imposés aux commerçants auraient pratiquement disparu. Cependant, la mafia continuerait à offrir d'autres "services", tels des prêts monétaires à taux d'intérêts exhorbitants, utilisés par les paysans en difficulté, pour qui il est nettement plus facile d'emprunter à la mafia qu'à la banque! L'argent serait facile à obtenir des malfrats, mais le remboursement l'enfer… Pas question de manquer un paiement.

Des hommes poussent des charrettes bien chargées, près du village de Fa Phra Tan.

On trouve facilement de l'eau embouteillée presque partout en Thaïlande (par ces chaleurs, lors d'une telle randonnée, on en boit plusieurs litres), mais dans les villages ruraux et pauvres entourant Sangkhom, on n'en vendait pas. On m'a plutôt offert de l'eau de pluie, tirée de ces immenses jarres qui accompagnent presque chaque maison.

Un champ de maïs désséché, près du village de Fa Phra Tan.

Non loin de Fa Phra Tan, le long escalier menant à la petite chute Kao Taow, visiblement peu fréquentée, était envahi par la jungle.

Dans certaines régions, on pratique une agriculture à plusieurs "étages", comme à Fa Phra Tan, où des arbres fruitiers s'élèvent au-dessus des plants de maïs.

Un arbre à caoutchouc duquel on a prélevé une partie de la matière, près du village de Pong Thawng.

Des feuilles de caoutchouc séchant au soleil, près de Pong Thawng.

Une rizière, près de Sangkhom.

Sous le toit d'une hutte construite avec les techniques et matériaux typiques du pays.

Prochaine étape: la province de Loei.

À propos des auteurs

De plus en plus, je m'intéresse aux lieux plus qu'aux paysages. Au-delà de l'attrait esthétique, ce sont les usages évidents ou cachés des lieux, leurs histoires passées ou futures, qui susciteront mon intérêt. Cette étincelle m'est indispensable et explique probablement pourquoi je pratique relativement peu la photographie au quotidien. L'étincelle ne peut s'allumer que lorsque je mets tout le reste de côté pour m'abandonner à la photo, en me laissant porter par le moment présent.

J'ai mille projets photographiques en tête, mais je ne les réalise jamais car une fois le repérage et la réflexion faits, une partie de la motivation est déjà consommée. Je préfère la démarche plus spontanée, où je passe en «mode photo» et me laisse inspirer par ce que je découvre. Ainsi, s'il émerge parfois des ensembles cohérents parmi mes images, ceux-ci s'avèrent le plus souvent accidentels! Je n'ai rien contre l'approche calculée, au contraire j'admire ceux qui la pratiquent, mais ça ne marche pas pour moi, peut-être parce que je dois déjà faire amplement preuve de discipline et de patience dans les sphères professionnelles de ma vie. J'exige de la photographie qu'elle me fasse rompre avec mon quotidien.