L'île aux Lièvres est la plus grande île inhabitée du fleuve Saint-Laurent. De forme allongée, elle ne fait que 1,6 kilomètres en son point le plus large mais s'étire tout de même sur environ 13 kilomètres. Située presque parfaitement à mi-chemin entre les deux rives, à la hauteur de Rivière-du-Loup et de Saint-Siméon, l'île est un refuge pour de nombreuses espèces, dont le phoque et le canard eider à duvet. C'est d'ailleurs la collecte du duvet de l'eider qui, en 1986, a donné à la Société Duvetnor les moyens financiers nécessaires à l'acquisition et à la protection du caractère naturel de l'île.
Les humains sont tout de même invités à la visiter, mais on n'y trouve aucune voiture. Ses forêts verdoyantes et ses grèves rocailleuses, c'est à pied qu'il faut les parcourir. Chaque anse, chaque plage et chaque pointe a sa propre personnalité façonnée par l'étreinte des marées. Certes modeste en superficie, l'île aux Lièvres est généreuse en attraits naturels. On n'a pas trop de quelques jours pour l'explorer et la contempler.
Le soleil se couche, nous n'avons pas encore mangé, mais à toutes les cinq minutes nous retardons encore le repas en nous disant : « d'un coup que le ciel devient encore plus incroyable dans cinq minutes? ». Le présage s'avérant toujours, nous faisons beaucoup de cinq minutes comme ça.
C'est finalement dans l'obscurité (mais ravis) que nous commençons à préparer le souper!
Notre site au camping Les Cèdres (à 4,4 km de l'accueil) est idéal pour profiter des couchers de soleil mais est aussi l'un des plus exposés si la météo est difficile. Nous avons eu de la chance avec trois nuits douces et quatre magnifiques journées ensoleillées.
La gestion de notre réserve de nourriture et de nos déchets est particulièrement simple : aucun animal ne risque de s'y attaquer, car il n'y a sur l'île aucun raton laveur, aucune mouffette, pas un seul écureuil et encore moins d'ours!
En cette fin de juin, où que nous soyons sur le littoral de l'île nous pouvons aperçevoir des petits groupes de femelles eider à duvet encadrant de nombreux canetons. Et où que nous soyons sur le littoral de l'île, nous ne pouvons entendre que les vagues qui lèchent la grève et les canetons qui caquettent.
Cependant, ces canards sont très méfiants. Dès qu'ils aperçoivent la tête d'un humain poindre à l'horizon, ils prennent le large.
Le capelan, un poisson essentiel à l'écosystème de l'estuaire du Saint-Laurent, est connu pour « rouler » sur les plages de la Gaspésie et de la Côte-Nord pendant la période de fraie, mais il est moins souvent observé sur les plages du Bas-Saint-Laurent. Le capelan préfère l'eau froide, alors le printemps tardif cette année a peut-être favorisé sa présence ici.
Sur une pointe du sentier des Eiders, nous avons repéré la carcasse d'un jeune phoque gris. Son dos avait une énorme lésion ensanglantée et sa tête était manquante. Sa mort devait remonter à un ou deux jours. Tout autour, émergeaient souvent de l'eau les têtes de l'un ou l'autre de sept ou huit phoques qui regardaient longuement le corps inerte, comme s'ils espéraient encore qu'il revienne à eux, avant de replonger.