Le cimetière des Irlandais. En 1847, des dizaines d'immigrants moururent quotidiennement sur la Grosse-Île et furent inhumés dans des cercueils empilés dans des fosses communes, souvent sans même avoir pu être identifiés. Avec la décomposition des cercueils, le sol s'est affaissé et des dépressions marquent aujourd'hui l'emplacement de chaque fosse. Ici, les croix sont en fait plantées entre les fosses.

Au large de Montmagny, au milieu du fleuve Saint-Laurent, la Grosse-Île servit de station de quarantaine pour les immigrants, de 1832 à 1937. Étape obligatoire pour les navires avant l'arrivée au port de Québec, alors la principale porte d'entrée des immigrants au Canada, l'île était divisée en trois sections dont l'accès était contrôlé: la première pour les arrivants, la seconde pour les malades et la troisième pour le personnel de l'île. La traversée de l'Atlantique durant en moyenne six semaines, dans des conditions la plupart du temps éprouvantes, les immigrants arrivaient souvent mal nourris et en très mauvaise santé. Ils devaient séjourner sur l'île pendant plusieurs jours, parfois plusieurs semaines, jusqu'à ce que le personnel médical atteste de l'absence de maladies contagieuses.

En 1847, alors que plus de 100 000 personnes transitent par la Grosse-Île, en majorité des Irlandais fuyant la Grande Famine, l'endroit connaît son épisode le plus tragique avec la mort de plus de 5000 immigrants atteints de la variole.

Le lavoir de la Grosse-Île.

Détail du lavoir de la Grosse-Île.

Le presbytère catholique de la Grosse-Île.

L'hôtel de deuxième classe, devant, et celui de troisième classe.

À la fin du XIXe siècle, la Grosse-Île comptait trois hôtels de différents niveaux de confort selon les classes correspondantes des navires. L'hôtel de première classe, surplombant les autres du haut d'une petite colline, comportait des chambres privées pourvues de lavabos et alimentées par l'électricité, tandis qu'en troisième classe plusieurs personnes s'entassaient dans chaque chambre.

À propos des auteurs

De plus en plus, je m'intéresse aux lieux plus qu'aux paysages. Au-delà de l'attrait esthétique, ce sont les usages évidents ou cachés des lieux, leurs histoires passées ou futures, qui susciteront mon intérêt. Cette étincelle m'est indispensable et explique probablement pourquoi je pratique relativement peu la photographie au quotidien. L'étincelle ne peut s'allumer que lorsque je mets tout le reste de côté pour m'abandonner à la photo, en me laissant porter par le moment présent.

J'ai mille projets photographiques en tête, mais je ne les réalise jamais car une fois le repérage et la réflexion faits, une partie de la motivation est déjà consommée. Je préfère la démarche plus spontanée, où je passe en «mode photo» et me laisse inspirer par ce que je découvre. Ainsi, s'il émerge parfois des ensembles cohérents parmi mes images, ceux-ci s'avèrent le plus souvent accidentels! Je n'ai rien contre l'approche calculée, au contraire j'admire ceux qui la pratiquent, mais ça ne marche pas pour moi, peut-être parce que je dois déjà faire amplement preuve de discipline et de patience dans les sphères professionnelles de ma vie. J'exige de la photographie qu'elle me fasse rompre avec mon quotidien.