L'aménagement de la pourvoirie du Prospecteur est purement utilitaire, mais on peut y passer la nuit et profiter de quelques services à proximité des monts Groulx la veille de la randonnée.

Uapishka est le nom innu des monts Groulx, un massif voisin du réservoir Manicouagan relativement peu fréquenté par les randonneurs en raison de son éloignement. Pour qui se donne la peine de s'y rendre, l'accès est cependant aisé à partir de la route 389. Une randonnée de 3 ou 4 jours est possible entre les monts Provencher et Jauffret, réservée au randonneur aguerri puisque ce tronçon n'est pas balisé et qu'on n'y retrouve absolument aucun service. Cependant deux tronçons relativement balisés permettent des randonnées plus courtes, soient le sentier séparant la route 389 (km 335) du mont Provencher et celui liant la route (km 365) au mont Jauffret.

Mon père et moi nous sommes cependant contentés de parcourir les plateaux du massif Provencher, d'une nuit près du lac Quintin et d'un retour sur nos pas le lendemain.

Le premier kilomètre du sentier du mont Provencher est ponctué de nombreux aménagements.

Après les premiers kilomètres, le sentier devient plus ardu et une bruine froide vient donner l'impression d'une autre saison. L'eau du sol spongieux et vaseux typique de la forêt boréale a vite fait de passer à travers les défenses de bottes bien imperméabilisées, tandis que les arbustes touffus et leurs enchevêtrements de racines rendent le passage plus laborieux. Notre progression devient bien plus lente que sur n'importe quel sentier 300 km plus au sud! Une difficulté dont tout aspirant à la longue randonnée devrait tenir compte.

Plus nous grimpons, plus la végétation se fait rabougrie. Le climat sur les plateaux des monts Groulx est arctique et de la forêt boréale nous passons graduellement à la toundra. Des rochers affleurants offrent quelques répits contre la gadoue.

Des blocs erratiques, rochers déposés par le passage des glaciers.

Un étang du massif Provencher.

Temps d'arrêt.

Maussade et capricieuse, la météo nous a tout de même accordé un répit ensoleillé en fin d'après-midi.

Le lac Quintin.

L'appentis du lac Quintin.

Encastré entre les collines, le lac Quintin offre une relative protection contre les vents. On y trouve un appentis rudimentaire à l'intention des randonneurs. Comme le terrain offre bien peu de surface propice à l'installation d'une tente et que la toiture de l'abri fuyait, nous projetions y monter notre tente de sorte à être mieux protégés contre les intempéries, mais nous avons abandonné ce plan à l'arrivée inattendue d'un groupe de quatre randonneurs avec qui il fallait désormais partager l'espace, tout juste suffisant pour six personnes.

Durant la nuit, avec la température chutant sous zéro, l'air humide a tout recouvert d'une mince couche de givre. Dans ces conditions, les trois murs de l'appentis ne valaient vraiment pas le confort d'une tente! Nous étions transis. Au matin, même si nos sacs de couchage n'offraient plus qu'une chaleur résiduelle, c'est avec grand mal que nous avons réussi à nous en extirper, le grésil n'annonçant pas une météo plus indulgente que la veille.

Vue sur le réservoir Manicouagan, au centre duquel se trouve l'île René-Levasseur, formée par le remplissage du réservoir pour la centrale hydroélectrique Manic-5.

Manicouagan-Uapishka, une réserve mondiale de la biosphère de l'UNESCO, comprend la partie ouest des monts Groulx ainsi que l'immense réservoir Manicouagan, cinquième plus grand cratère météoritique au monde.

Sur le plateau dénudé du massif Provencher, des inukshuks indiquent la voie à suivre.

Après la descente, retour dans la forêt boréale.

Un incontournable de la route 389, le barrage Daniel-Johnson de la centrale hydroélectrique Manic-5.

Forêt incendiée, aux abords de la route 389.

À propos des auteurs

De plus en plus, je m'intéresse aux lieux plus qu'aux paysages. Au-delà de l'attrait esthétique, ce sont les usages évidents ou cachés des lieux, leurs histoires passées ou futures, qui susciteront mon intérêt. Cette étincelle m'est indispensable et explique probablement pourquoi je pratique relativement peu la photographie au quotidien. L'étincelle ne peut s'allumer que lorsque je mets tout le reste de côté pour m'abandonner à la photo, en me laissant porter par le moment présent.

J'ai mille projets photographiques en tête, mais je ne les réalise jamais car une fois le repérage et la réflexion faits, une partie de la motivation est déjà consommée. Je préfère la démarche plus spontanée, où je passe en «mode photo» et me laisse inspirer par ce que je découvre. Ainsi, s'il émerge parfois des ensembles cohérents parmi mes images, ceux-ci s'avèrent le plus souvent accidentels! Je n'ai rien contre l'approche calculée, au contraire j'admire ceux qui la pratiquent, mais ça ne marche pas pour moi, peut-être parce que je dois déjà faire amplement preuve de discipline et de patience dans les sphères professionnelles de ma vie. J'exige de la photographie qu'elle me fasse rompre avec mon quotidien.