Après quelques heures à nous balader en ville, on peut dire que même si Hanoï est pleine de vie et si sa circulation motorisée est intense (surtout des motos), on n’y a pas vraiment une impression d’être dans une métropole de 6,5 millions d’habitants. Tout se passe sans empressement, dans un magnifique chaos tranquille.
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Nous nous sommes rendus au Hanoi Cooking Center pour y faire un circuit guidé ayant pour sujet la bouffe de rue. Manger dans la rue au Viêtnam est une facon très économique de prendre un bon repas sur le pouce, avec monsieur et madame tout-le-monde qui, le plus souvent, mangent directement sur le trottoir, extension de leur propre habitation.
Coup de chance, nous sommes les deux seules personnes inscrites au circuit ce matin-là. Nous avons donc eu droit à un guide privé. Dès les présentations, nous savions que nous allions passer un bon moment avec Linh, tout aussi curieux à en apprendre sur nous que nous l’étions à en apprendre plus sur son pays et sa culture culinaire.
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Dès le début du circuit, nous mangions déjà. Nous avons commencé la journée comme la plupart des Vietnamiens, c’est-à-dire par un phở. Il s’agit du plat national vietnamien. Il est composé d’un bouillon de bœuf ayant mijoté pendant des jours, auquel on ajoute des nouilles de riz, des herbes fraîches et de la viande de bœuf ou de poulet coupée en fines lamelles. Chez nous, on le connaît sous le nom de soupe tonkinoise. Ici, on le consomme surtout le matin, mais il peut être mangé à toute heure du jour ou de la nuit.
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De l’autre côté de la rue se trouve le marché Chau Long. Linh nous y emmène et on y découvre toutes sortes d’aliments. Évidemment, le tout se trouve sur des étals sous les 35 degrés Celcius, que ce soit la viande de bœuf, de poulet ou de porc, incluant trippes, estomacs, pattes, oreilles et j’en passe! Linh nous explique que pratiquement aucune partie de l’animal n’est jetée. Tout se consomme!
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Linh connaît l'amour des occidentaux pour leurs animaux de compagnie et ne manque pas d'attirer notre attention, en rigolant, sur un chien cuit façon « barbecue », coupé en trois morceaux et placé sur un plateau. On distinguait parfaitement la bête, avec toutes ses dents. Je n’ai pas pu regarder ce pauvre animal bien longtemps. Incapable également de le photographier. Au Viêtnam, il est néanmoins commun de manger de la viande de chien, thịt chó (un de nos premiers mots appris, juste pour être certains de ne jamais en manger!). Les Vietnamiens en consomment surtout pour chasser la malchance, les trois derniers jours de chaque mois lunaire ou pour favoriser de bonnes performances sexuelles.
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Une fois la visite du marché terminée, nous sommes montés à plusieurs reprises dans des taxis pour nous rendre goûter des mets traditionnels vietnamiens à différents endroits. Certains nous ont beaucoup plu, comme le banh xèo, un genre de crêpe frite garnie de porc que l’on déguste en rouleau enveloppé dans un papier de riz, alors que d’autres nous ont un peu moins ravi comme, par exemple, cette soupe d’escargots un peu trop coriaces.
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Le circuit s’est terminé avec une dégustation du fameux « cà phê » vietnamien, dans un café du nom de Cà Phê Duy Tri, tenu par la même famille depuis 1936. Le café typique du Viêtnam est très fort et on y ajoute du lait condensé sucré. Ça goûte le dessert! On y sert aussi le thé glacé à la lime, également assez sucré.
Grâce aux conseils de Linh, nous serons maintenant mieux outillés pour reconnaître les endroits où prendre un bon repas dans la rue!
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Le vieux quartier est aussi appelé « les 36 rues », parce que les artisans et commerçants, historiquement, se regroupaient sur l'une ou l'autre de ses 36 rues selon leur corps de métier. L'activité commerciale y est toujours effervescente et certaines rues ont encore leurs spécialités, par exemple la soie et les broderies, les tapis et les cordages, les forgerons, les herbes médicinales, les objets votifs en papier, les effigies bouddhistes ou encore les matelas.
Les façades sont étroites, mais les bâtiments profonds. La plupart sont la propriété d'une seule famille, qui habite à l'arrière ou aux étages et exploite un magasin à l'avant… et sur le trottoir. À Hanoï, le trottoir n'est pas fait pour marcher. En pratique, il est l'extension de l'échoppe!
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Il était une fois, à Hanoï un touriste nommé David qui se baladait tranquillement sur la rue, voguant de découvertes en découvertes. Puis, par une chaude soirée de septembre, un homme se précipita à ses pieds, une brosse à la main. Ne sachant pas trop de quoi il retournait, David chassa l’homme, en souriant tout de même pour ne pas le froisser, mais les yeux remplis de points d’interrogation. Il en discuta avec sa copine Isa qui ne saisissait pas plus que lui le geste de cet homme. Tous les deux pousuivirent leur chemin et vaquèrent à leurs occupations.
Une nuit s’écoula et nos deux comparses se baladaient toujours dans les rues animées d’Hanoï quand un autre homme se précipita tout droit vers les pieds de David, cette fois en gesticulant davantage, mais toujours en brandissant cette satanée brosse. Comme cet homme s’exprimait très bien gestuellement, David comprit enfin de quoi il retournait. Cet homme voulait simplement réparer ses vieilles godasses de cuir. Il avait l’œil bien aiguisé, parce qu’en effet les sandales de David avaient bien besoin d’une cure de jeunesse!
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Construite par les Français pendant leur occupation en Asie du sud-est (1887-1945), la prison Hỏa Lò fut le lieu de détention et de torture de nombreux contestataires vietnamiens. Plusieurs y furent même guillotinés. Entre 1964 et 1973, durant la guerre du Viêtnam, des militaires américains, surtout des pilotes, y furent détenus par l'armée nord-vietnamienne. Par ironie, car les conditions de détention y demeuraient des plus difficiles, ces prisonniers ont surnommé l'endroit Hanoi Hilton.
La partie de la prison qui subsiste aujourd'hui a été convertie en un musée intéressant, mais où l'on met beaucoup d'accent sur les sévices subis en ces murs par les Vietnamiens aux mains des Français, et un peu moins sur ceux infligés aux Américains par leurs geôliers vietnamiens. Une photo étonnante montre les soldats américains recevant des souvenirs du Viêtnam lors de leur libération en 1973!
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Ostracisées pendant des décennies par le régime communiste, les pratiques religieuses ont connu une certaine renaissance à partir des années 1980, lorsque l'État a commencé à faire montre de plus de tolérance. Si la vie spirituelle des vietnamiens reste aujourd'hui dominée par l'athéisme et les traditions, on observe aussi une grande diversité de cultes et de croyances, dont le bouddhisme, le confucianisme, le taoïsme, le christianisme et le caodaïsme.
— DL
Contrairement au Québec, où les églises sont désertes, la messe catholique à la cathédrale Saint-Joseph attire bon nombre de fidèles, jeunes et vieux, qui entrent très solennellement dans le temple pendant que retentissent les cloches.
Tandis que la cathédrale se remplissait, nous avons aussi pris place pour nous imprégner de l'atmosphère du lieu. Après quelques minutes, nous nous sommes rendu compte que tous les hommes étaient assis à gauche de l'allée principale et toutes les femmes à droite. Isa était assise à côté de moi, chez les hommes! Personne n'a semblé s'en formaliser, mais elle n'a pas tardé à changer tout doucement de côté, juste avant que la cérémonie ne s'ouvre avec les chants des fidèles.
— DL