Le meilleur moyen d'échapper à la pollution, au bruit, aux bouchons et à la chaleur suffocante lors des déplacements, c'est le Chao Phraya, ce fleuve qui traverse Bangkok du nord au sud. Grâce aux services de transport fluviaux, dont le principal est le Chao Phraya River Express, on peut parcourir à prix très modique de grandes distances dans la ville, et cela, mine de rien, souvent plus rapidement que n'importe quelle moto-taxi téméraire! Dommage que toutes les destinations ne soient pas à proximité du fleuve!
La plupart des canaux de Bangkok — qui jadis se faisait appeler par les occidentaux « la Venise d'Asie » — ont été remblayés et remplacés par des rues et des boulevards. Les canaux qui subsistent sont extrêmement pollués.
Au quai de Thewet, en attendant le passage de la navette fluviale, les voyageurs tuent le temps en nourrissant les poissons. Très voraces, ces derniers se précipitent par centaines sur quelques bouts de pain, formant un grand tourbillon de nageoires effilées et de mâchoires bien dentées!
Le canal Saen Saep, qui traverse Bangkok d'est en ouest, est sillonné par des bateaux-bus conduits par des pilotes hardis, qui se faufilent adroitement entre les obstacles sans ralentir. Les contrôleurs de tickets, qui se déplacent sur les parapets de ces embarcations, doivent s'accroupir lors de passages sous les ponts (qui sont généralement très bas) et portent le casque au cas où ils oublieraient de le faire!
Les toiles courant sur les flancs protègent partiellement les passagers contre les fréquentes éclaboussures d'eau nauséabonde.
Les longues et étroites embarcations du Chao Phraya River Express ne paraissent pas des plus simples à manoeuvrer. Pour assister le pilote assis dans le nez du bateau, l'homme chargé des amarres, à l'arrière, utilise un puissant sifflet grâce auquel il donne des signaux sur les manoeuvres à effectuer pour accoster la plateforme de transbordement vis-à-vis le quai. Les passagers debouts n'ont qu'à bien se tenir, car l'accostage ne se fait pas toujours en douceur!
Une fois la manoeuvre complétée, pendant que le pilote fait tourner les moteurs de manière à maintenir le bateau en place, les passagers n'ont que quelques secondes pour embarquer ou débarquer sur le quai flottant balotté par les vagues, suite à quoi un dernier signal du sifflet indiquera « plein gaz! » dès que les amarres auront été levées. Puisque l'embarcation rebondit toujours une fois ou deux sur les pneus devant amortir le choc de l'accostage, il vaut mieux attendre un bref instant avant de transborder, sinon l'insouciant trop pressé pourrait être surpris de voir le fleuve apparaître sous ses pieds!