Isa pressant l'agence de taxi de s'activer.

Photo : David Lesieur

Aussi pliants nos vélos soient-ils, leurs boîtes sont de grande dimension. D'ailleurs, dans ces boîtes de forme allongée, chaque vélo est déplié. Nous y avons coincé l'essentiel de nos bagages dans les espaces disponibles et prendrons chacun une sacoche de vélo en cabine. Aussi avions-nous réservé notre taxi un jour à l'avance, en informant l'agence de nos paquets encombrants. Peine perdue, 15 minutes passé l'heure prévue, toujours aucun taxi en vue. Nous rappelons l'agence. Notre commande semble avoir été oubliée et ils nous assurent de pouvoir dénicher une fourgonnette à temps… Après une autre échéance ratée, un autre coup de fil et pas mal de patience, nous finissons par avoir notre transport. Nous arrivons beaucoup plus tard que prévu à l'aéroport, mais heureusement à temps pour notre vol. Nous pourrons donc quitter Montréal à destination de Hanoï, avec correspondance à Paris.

C'est le début d'une aventure de cinq semaines où nous explorerons le Viêtnam à partir de Hanoï, au nord, jusqu'à Hôi An, au centre du pays, en nous déplaçant à vélo ou en bus. Avec toutes les richesses que compte le Viêtnam, il nous a été difficile de planifier un itinéraire aussi restreint, mais notre but n’est ni de faire une course d’un bout à l’autre du pays pour essayer de tout voir, ni d’accomplir un exploit sportif. Limiter le nombre d’objectifs et nous donner du temps, c’est notre recette pour nous ouvrir à l’inconnu et à l’imprévu, pour vivre dans le présent sans avoir constamment à penser à la destination suivante!

Notre première sortie consistera à pédaler de Hanoï jusque dans la région de Ninh Binh, surnommée « la baie de Ha Long terrestre » en raison de ses impressionnants pitons rocheux qui rappellent ceux de la baie de Ha Long. En chemin, nous ferons escale dans la localité de Duc Khê, avec l'intention de visiter la pagode des Parfums, un lieu de pèlerinage pour les bouddhistes.

À bord du taxi à Hanoï.

Photo : David Lesieur

Nous avons atterri à Hanoï après un vol sans anicroches (juste long, très long!). Petit stress lors de la réception des bagages, à la constatation qu’une seule de nos boîtes à vélos était là… Le temps de déplier le vélo, de remettre en place quelques pièces et de gonfler les pneus, et hop, l’autre boîte est arrivée. Ouf! Sur chaque boîte, quelques perforations montrent qu'elles ont subi des chocs, mais à l'intérieur le vélo bien enveloppé par 5 mètres de papier à bulle est heureusement intact.

Nos petites opérations de dépliage ne manquent pas d’attirer l’attention du personnel de l’aéroport. « Combien vaut cette bicyclette? » est la question récurrente posée par les plus curieux.

Les portes des douanes franchies, nous sommes accueillis comme prévu par un chauffeur envoyé par notre hôtel, qui exhibe une pancarte avec nos noms.

Le chauffeur, souriant mais ne parlant pas anglais, semble toutefois un peu inquiété et passe un coup de fil pendant que nous l’accompagnons à l’extérieur du terminal. De sa conversation, nous saisissons les mots « xe dap » (bicyclette, l’un des quelques mots que nous avons appris), ce qui laisse à penser que son appel est de la nature « Houston, nous avons un problème »… Nous essayons de lui faire signe que les vélos sont pliants, mais rien ne vaut une démonstration. Nous nous exécutons donc, cette fois devant un nouveau public attentif de gens qui attendaient l’autobus…

Le visage de notre chauffeur s’illumine aussitôt le pliage démontré. Il met fin à l’appel et s'empresse d’aller chercher la voiture au stationnement. Plus de problème à entrer ça dans une Toyota Yaris!

Notre hôtel respecte les codes architecturaux de Hanoï : étroit et haut!

Photo : David Lesieur

Les vélos font également sensation à l’hôtel. On nous demande encore leur prix. La question nous semble gênante, mais tout porte à croire qu'elle reviendra souvent! Un homme qui semble travailler à l’hôtel photographie les vélos avec son téléphone. Après avoir observé attentivement leur dépliage, il se dit même prêt à nous les acheter! Selon lui, ces vélos coûteraient bien plus cher au Viêtnam que ce que nous avons payé au Canada… S’ensuit une petite rigolade à l’idée de lancer une entreprise d’importation! Des vélos fabriqués à Taiwan, importés au Viêtnam en passant par le Canada?

Nous avons appris plus tard que le prix exorbitant de certains biens au Viêtnam est dû à des taxes d'importation très élevées. Ces mesures protectionnistes visent à encourager l'industrie nationale. En calculant toutes les taxes applicables, une voiture importée, par exemple, peut y coûter le triple de son prix au Canada!

Enfin arrivés. On fait quoi demain?

Photo : Isabelle Gélinas

Petite pause au sud-ouest de Hanoï. Possiblement sur la route 419, mais nous ne savions pas toujours où nous étions…

Photo : David Lesieur

Nous avons pris quelques jours à Hanoï pour explorer la ville et nous acclimater. Les rues sont un tel flot de motos klaxonnantes que nous n'avons pas osé, pendant cette période, enfourcher nos vélos. Après un vain espoir d'apprivoiser cet environnement routier à force de l'observer, le jour où nous nous sommes résolus à sortir de la ville à vélo, nos appréhensions étaient à leur comble.

C'est seulement en roulant que nous avons réalisé, tout émerveillés, qu'il est bien plus facile de rouler dans cette ville que de marcher! Alors qu'à pied il faut serpenter entre d'innombrables obstacles et constamment passer du trottoir encombré à la rue passante, sur deux roues il suffit de suivre le courant à la même vitesse que les autres. On roule préférablement au centre du torrent, puisque par les flancs arrivent les conducteurs provenant des rues perpendiculaires, qui s'engagent dans le flot avec leur bécane sans même regarder ce qui arrive sur eux. La conduite a ses codes un peu différents des nôtres, mais elle n'est pas aussi anarchique qu'elle n'y paraît.

Quant au klaxon, il ne signale pas l'impatience ou l'agressivité comme c'est trop souvent le cas chez nous, mais presque une délicatesse, pour signaler sa présence comme dans « bonjour, prenez garde de ne pas changer votre conduite trop brusquement car je suis juste derrière vous! »

Nous nous en sommes bien tirés dans la circulation, mais l'air pollué laissait un goût âcre au fond de la gorge. La gomme à mâcher fut d'un grand secours contre les haut-le-cœur. Il nous a fallu rouler environ 25 km pour réellement sortir de la ville et commencer à emprunter des routes secondaires. C'est là où débute la campagne que commencent les vraies difficultés d'orientation! Les routes sont rarement identifiées, et quand on a la chance de voir quelque nom, il est introuvable sur notre carte pourtant très détaillée… Si par chance on repère un nom sur notre carte, on doit tout de même tirer à pile ou face aux cinq intersections ou fourches suivantes qui sont dénuées de toute signalisation. Même sur les rares bornes kilométriques, les numéros de routes ne concordent pas avec ceux de notre carte! Quand on arrive dans un patelin, un panneau signale avec un pictogramme qu'on arrive dans un patelin, mais sans en donner le nom! Nous faisons donc des arrêts fréquents pour chercher les points communs entre ces deux mondes, celui du terrain et celui illustré sur la carte…

Après le dîner, nous avons repris la route avec entrain, mais un peu inquiets d'arriver à notre destination après la tombée de la nuit compte tenu de nos difficultés d'orientation. Pour cette raison, nous avons laissé filer beaucoup d'opportunités photo, des images qui resteront néanmoins gravées dans nos mémoires : les gens affairés aux récoltes dans les champs, la chaîne de montagnes au-delà des rizières, la fumée des brûlis, les visages souriants, les enfants joyeux sortant des écoles à vélo ou à bord des moto-bus.

Bien sûr, nous nous sommes égarés. Quand la route est devenue un étroit sentier de terre au milieu un champ, nous avons rebroussé chemin. Sur une distance de 4 km, jusqu'à un endroit où nous pouvions nous orienter avec certitude, nous revoyons les mêmes visages souriants et les mêmes enfants joyeux, puis nous reprenons la route, cette fois en demandant systématiquement notre chemin à chaque intersection! Heureusement, il y a du monde partout, même dans les champs, et tous semblent heureux d'essayer de nous aider. Nous nous sommes rapidement débrouillés pour poser notre question en vietnamien approximatif, mais comprendre la réponse est une autre paire de manches! Malgré tout, c'est grâce à ces nombreux inconnus que nous avons fini par atteindre Duc Khê à une heure raisonnable!

Distance parcourue : 78 km.

Dans les rues de Duc Khê. Nous sommes des adultes sur des vélos miniatures et les enfants ont des vélos géants.

Photo : David Lesieur

Dans les rues de Duc Khê.

Photo : David Lesieur

Sur la rivière près de Duc Khê.

Photo : David Lesieur

La pagode des Parfums est un site de pèlerinage prisé des Vietnamiens, particulièrement lors d'un festival important qui se tient en début d'année. La petite ville de Duc Khê, point de départ incontournable pour atteindre la pagode par la rivière, est cependant quasi déserte, signe que ce n'est pas en ce moment que les choses se passent. Une femme très sympathique au premier abord nous met tout de même le grappin dessus et se présente comme guide pour un tour de barque sur la rivière jusqu'à la pagode. Première fausse note, elle réclame en pourboire la monnaie du prix convenu, alors que nous n'avons même pas encore quitté le quai. Un pourboire en avance?!

Photo : Isabelle Gélinas

Pas évident de ramer dans les algues…

Photo : Isabelle Gélinas

Un groupe de canards garde ses distances.

Photo : Isabelle Gélinas

Le temple de Thanh Son.

Photo : David Lesieur

Au temple de Thanh Son, nous sommes les seuls visiteurs. Notre guide nous explique les rituels des pèlerins. C'est instructif et nous faisons avec elle des offrandes d'encens, de fleurs cueillies dans la rivière et de fausse monnaie, devant trois autels différents. C'est seulement après le troisième plateau d'offrandes qu'elle nous annonce un coût de 120 000 dongs pour chaque plateau déjà donné! Et surtout ne pas oublier de laisser un don pour le temple… D'ailleurs une nonne apparaît comme par magie pour collecter notre contribution!

L'accumulation des frais à retardement commence sérieusement à rendre l'expérience désagréable, alors nous sommes ravis de délaisser notre guide pour aller parcourir un sentier dans la forêt derrière le temple… Encastré entre les collines verdoyantes, le parcours est apaisant. Nous nous demandons tout de même si elle sera encore là avec la barque et sa rameuse à notre retour!

L'entrée de la grotte.

Photo : David Lesieur

Alors que nous arrivons près d'une falaise rocheuse, un moine apparaît sur un rocher en surplomb, nous regardant debout et silencieux, comme si les dieux l'avaient prévenu de notre arrivée. Sans dire mot, il nous fait signe de venir, avec une gestuelle que nous avons de la difficulté à interpréter, puis nous conduit jusque dans une grotte. À l'intérieur, il dirige le faisceau d'une lampe de poche sur d'étranges formations rocheuses. Il éclaire ici un relief ayant la forme d'un tigre, là celle d'un lion, là-bas un serpent, puis un bouddha, et plusieurs autres que nous n'arrivons pas à deviner. Il faut une certaine imagination pour percevoir tous ces symboles dans le roc, les stalactites et les stalagmites. Par endroits, le moine cogne des parois creuses avec un caillou et nous fait entendre une étonnante musique.

Un chien somnolant dans les marches du temple de Thanh Son.

Photo : David Lesieur

Même si nous avons pris tout notre temps sur le sentier au retour de la grotte, puis flâné longuement dans l'enceinte du temple, la guide nous attend toujours près du quai, avec sa rameuse. Évidemment. Elle espère encore nous soutirer quelques dongs! Ce qu'elle ne manque pas de tenter à la fin du parcours, en demandant du pourboire pour elle et pour la rameuse… Quand nous lui avons plutôt suggéré de récompenser la rameuse à même les bonnes sommes déjà recueillies, leurs faces déconfites pouvaient laisser croire à un réel désarroi, mais impossible d'y croire. L'expédition nous avait déjà coûté environ 40$ alors que les agences de Hanoï offrent la visite de la pagode des Parfums pour moins cher, avec transport et repas! Or nous avons bien compris qu'elle ne nous a même pas conduits à la fameuse pagode des Parfums, mais à un temple secondaire moins éloigné, celui de Thanh Son.

Notre hôtel à Duc Khê.

Photo : David Lesieur

En chemin pour Ninh Binh par des petites routes bordées de pitons rocheux.

Photo : David Lesieur

Nous détonnons dans le paysage, sans doute trahis en partie par nos imperméables. Ceux des Vietnamiens sont bien mieux adaptés au climat chaud et humide : ils enveloppent la moto tout en laissant circuler l'air par en-dessous.

Photo : David Lesieur

Après avoir roulé sous la pluie, un nettoyage des vélos s'impose à notre arrivée à Ninh Binh. Des vélos propres font que les hôteliers cèdent facilement à notre demande de les ranger dans la chambre.

Photo : David Lesieur

Les paysages ont un énorme potentiel de beauté, mais hélas d'innombrables interventions humaines laissent souvent l'impression de traverser un chantier de construction. Comme si tout le pays était en construction! (C'est un peu vrai d'ailleurs; le Viêtnam est en forte croissance économique). Quant aux villages, ils sont assez densément construits et ressemblent plus à des petites villes qu'à l'idée qu'on se fait d'un village, parce que les maisons sont construites en rangées et comptent souvent plusieurs étages. Ces phénomènes sont accentués entre Phu Ly et Ninh Binh, où nous avons choisi d'emprunter l'importante route 1 pour éviter de nous égarer et de perdre trop de temps sous la pluie. Sur l'entièreté de cette section de 30 km, c'est bâti des deux côtés de la route. Derrière chaque rangée de maisons se trouve une belle rizière ou encore une majestueuse chaîne de montagnes, mais impossible de les voir! C'est promis, nous reviendrons à notre habitude d'emprunter les voies secondaires!

Sur le plan des conditions routières, les routes secondaires comme les principales sont tout à fait correctes pour le cyclisme, bien pavées à l'exception de quelques sections défoncées — chantier de construction oblige! Nos pneus increvables nous évitent sans doute bien des désagréments, car les petits débris sont omniprésents. Le trafic est généralement léger en dehors de Hanoï, et là où il est plus intense il est toujours bien plus lent que chez nous et la route bien plus large. On s'y sent plus en sécurité que sur les routes québécoises.

Distance parcourue : 57 km.

Nous choisissons les restaurants en fonction de leur popularité, pas en regardant les cuisines!

Photo : David Lesieur

Journée tranquille à Ninh Binh. Environ 23°C, nettement plus frais que d'habitude. Rues pratiquement désertes. Les rares braves qui s'aventurent dehors portent un manteau. Mauvaise journée pour le commerce, comme la rue Saint-Denis à Montréal quand il fait -23°C.

La rivière Ngo Dong, très prisée des touristes, où les rameurs utilisent leurs pieds pour propulser les barques. Côté barque, on a déjà donné… N'empêche, tous les passagers que nous avons vus défiler sous ce pont nous saluaient joyeusement et manifestaient un plaisir évident d'être là.

Photo : David Lesieur

Embarcations chargées de touristes sur la rivière Ngo Dong, près de Tam Coc.

Photo : Isabelle Gélinas

Sur le chemin du temple de Thai Vi.

Photo : David Lesieur

C'est joli par ici!

Photo : David Lesieur

Le secteur de Tam Coc est le cœur de la fameuse « baie de Ha Long terrestre ». L'essentiel du tourisme est concentré sur la rivière, de sorte que les petits chemins qui serpentent entre rizières et pitons calcaires sont des plus paisibles.

Nous voyageons léger aujourd'hui, pour explorer les environs de Tam Coc.

Photo : Isabelle Gélinas

Le portail du temple de Thai Vi.

Photo : David Lesieur

Musicien traditionnel au temple de Thai Vi.

Photo : David Lesieur

Les chèvres sont omniprésentes dans les environs de Ninh Binh… et leur viande est une spécialité locale.

Photo : Isabelle Gélinas

Ce pavillon du temple de Thai Vi semble parfait pour déguster un thé.

Photo : David Lesieur

Touristes sur la rivière Ngo Dong.

Extrait sonore : La barque

Photo : David Lesieur

Extrait sonore : Le cri de la chèvre

Photo : David Lesieur

Voie partagée.

Photo : David Lesieur

Photo : David Lesieur

L'entrée de la pagode de Bich Dong.

Photo : David Lesieur

Un chien assoupi au pied d'une porte finement sculptée de la pagode de Bich Dong.

Photo : Isabelle Gélinas

Le making of.

Photo : David Lesieur

Photo : Isabelle Gélinas

Photo : David Lesieur

Une série d'escaliers permet d'accéder aux différents sanctuaires de la pagode de Bich Dong, qui sont accolés aux parois de roche calcaire. Leur construction remonte au 15e siècle.

Photo : David Lesieur

Les trois bouddhas de Bich Dong.

Photo : David Lesieur

Photo : David Lesieur

Les escaliers et les passages de Bich Dong sont aménagés dans les falaises et les grottes.

Photo : David Lesieur

À travers les rizières. Nous nous éloignons de la rivière Ngo Dong, en direction d'un tout autre point de vue.

Photo : David Lesieur

Photo : David Lesieur

Sur un chemin très, très secondaire.

Photo : David Lesieur

On visite le site de la grotte de Mua moins pour descendre dans la grotte que pour grimper par-dessus. Pendant que nous suons à grosses gouttes dans des centaines de marches, les chèvres semblent fort à l'aise dans cet environnement pour le moins incliné!

Photo : David Lesieur

Le toit de la grotte de Mua.

Photo : David Lesieur

En contrebas, la rivière Ngo Dong. La topographie rappelle tout à fait la baie de Ha Long.

Photo : David Lesieur

La descente.

Photo : David Lesieur

Une autre journée d'exploration dans les environs de Ninh Binh.

Photo : David Lesieur

Le temple de Tuyet Tinh Coc, bordé d'impressionnantes falaises. Il n'y avait pas âme qui vive et l'entrée était cadenassée.

Photo : David Lesieur

Séchage du riz dans une rue du village de Truong Yen.

Photo : David Lesieur

Ayant des petits rhumes à soigner, nous avions prévu pour cette journée une balade pas trop exigeante jusqu'au village de pêcheurs de Kenh Gà. Toutefois, par 40°C sous un soleil tapant, notre niveau d'énergie a descendu très rapidement. Alors lorsque la dame du resto où nous nous sommes attablés le midi nous a indiqué que Kenh Gà était encore à 15 km, nous avons vite rejeté cette possibilité d'ajouter 30 km à l'itinéraire du jour. De plus, nous n'étions pas du tout certains de réussir à trouver ce village dans le labyrinthe des routes de campagne…

Tant pis pour Kenh Gà. De toute façon, la matinée sur la belle route paisible serpentant entre les pitons rocheux nous avait déjà comblés!

Barques entre les pics calcaires. Les rivières sont des voies d'accès privilégiées pour explorer les nombreuses grottes de la région.

Photo : David Lesieur

Nous faisons nettoyer les vélos à un atelier mécanique situé dans une ruelle près de notre hôtel. Rarement vu un atelier mécanique aussi joliment aménagé!

Photo : David Lesieur

Les vélos doivent être bien propres, car ce soir nous les emmenons en autobus!

Nous avions projeté de quitter la ville en train, avant d’apprendre que nos vélos ne pourraient être montés à bord depuis la gare de Ninh Binh, où seuls les petits bagages sont acceptés. Tout le monde nous dit que le bus est bien plus confortable que le train, mais c'est quand même à regret que nous nous sommes résignés à réserver nos places pour un bus de nuit.

Les toits de Ninh Binh.

Photo : David Lesieur

Pour les photos, Isa a bien vite adopté la pose à la vietnamienne!

Photo : David Lesieur

Avant de monter à bord de l'autobus, on se déchausse comme pour entrer dans une pagode, sauf que l'éclairage multicolore donne plutôt l'impression d'entrer dans une discothèque! L'organisation de l'espace est fort efficace : trois rangées de couchettes alignées sur deux étages, et les pieds se glissent sous la couchette du voisin de devant. La liberté de mouvements est limitée, mais c'est très confortable. Tout le monde avait raison; nous ne regretterons pas le train!

Ce confort ne sera pas inutile, puisque notre trajet durera 10 heures. Nous allons à Dông Hà, dans la province de Quang Tri, 500 km plus au sud.

À propos des auteurs

De plus en plus, je m'intéresse aux lieux plus qu'aux paysages. Au-delà de l'attrait esthétique, ce sont les usages évidents ou cachés des lieux, leurs histoires passées ou futures, qui susciteront mon intérêt. Cette étincelle m'est indispensable et explique probablement pourquoi je pratique relativement peu la photographie au quotidien. L'étincelle ne peut s'allumer que lorsque je mets tout le reste de côté pour m'abandonner à la photo, en me laissant porter par le moment présent.

J'ai mille projets photographiques en tête, mais je ne les réalise jamais car une fois le repérage et la réflexion faits, une partie de la motivation est déjà consommée. Je préfère la démarche plus spontanée, où je passe en «mode photo» et me laisse inspirer par ce que je découvre. Ainsi, s'il émerge parfois des ensembles cohérents parmi mes images, ceux-ci s'avèrent le plus souvent accidentels! Je n'ai rien contre l'approche calculée, au contraire j'admire ceux qui la pratiquent, mais ça ne marche pas pour moi, peut-être parce que je dois déjà faire amplement preuve de discipline et de patience dans les sphères professionnelles de ma vie. J'exige de la photographie qu'elle me fasse rompre avec mon quotidien.